"Reste toujours auprès de moi.." [OS/NC-17] - Co-prod # Part 02

Le lendemain matin, une douce chaleur m'entoure agréablement le corps. Ah... Ce sentiment de bien-être... Huum... Je pourrais rester comme ça des jours entiers...
- Hum... Oh-chan... Je marmonne endormi.
- Hum...
- ... Ma conscience s'éveille peu à peu avant d'être complètement éveillée.
- ...
- "Hum.." ? Qu- Oh-chan !
Il se fige un peu sous mon ton sec, néanmoins aucun remord ne se lit dans ses yeux. Je ne me souviens même pas l'avoir senti me rejoindre, ni même m'être collé à lui comme je le suis actuellement. À moitié allongé sur son torse, nos jambes emmêlées, ma main posée près de sa nuque.
Saleté de mauvaise habitude ! Je me dégage de l’étreinte matinale qu'il semble vouloir m'offrir malgré mon humeur, et quitte la chambre, le regard noir. Il m'énerve tellement ! Sérieusement, il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis en colère ! Non, bien sûr, ça ne lui traverserait même pas l'esprit que je puisse lui en vouloir de ne pas m'avoir préparé à cette image cauchemardesque de lui embrassant quelqu'un d'autre, et de ne surtout pas avoir jugé nécessaire le fait de m'en parler.
Cette fois, je ne craquerais pas, pour rien au monde, je ne le laisserais pas s'en sortir aussi facilement, même pour ses adorables yeux d'ourson. Je grogne rien qu'en revoyant son regard endormi et perdu. Je m'affaire en cuisine et prépare un bol de céréales, une unique tasse d'eau bouillante où j'ajoute un sachet de thé vert. Il n'a qu’à mourir de faim, ça lui apprendra. Toujours énervé, je quitte le coin cuisine pour déposer mon plateau de petit-déjeuner sur la table basse en verre, côté salon. Je m'empresse d'allumer la télévision pour camoufler le bruit significatif de la douche, une tentation bien trop grande malgré mon niveau de détermination. Ce petit repas vite avalé et débarrassé, j’attends qu'il libère enfin la salle de bain pour pouvoir y aller. Encore quelques minutes d'attente et la porte s'ouvre doucement sur mon Satoshi torse nu, les cheveux humides lui tombant joliment sur les yeux. ..'tain de vieil homme sexy !
- Kazu je...
- Shht ! J'ai pas envie de t'entendre.
Je m'empresse de le dépasser et m'enferme dans la salle d'eau pour lui en interdire l'accès. L'eau chaude sur mon corps détend agréablement mes muscles, mais mon esprit reste torturé par cette image qui revient sans cesse. Lorsque je regagne la pièce à vivre, Satoshi est tristement assis à table avec devant lui un simple verre de lait. Son regard est si triste et perdu, on dirait qu'il porte le poids du monde sur ses épaules. Quand il remarque ma présence, il cherche mon regard que je m'empresse de détourner. Je m'affale sur le canapé, dans un soupir agacé. 3..2..1
- Kazu...
Je soupire à nouveau et laisse mes yeux se fermer doucement.
- Je... j'ai fait quelque chose de mal..?
Mes sourcils se froncent mais je ne réponds rien ou bien je risque de perdre mon sang froid.
- E-Explique moi et je pourrais m'excuser...
"Plus on avance et plus je commence à me demander où cela nous mène toute cette mise en scène."
- Kazu... S'il te plait...
"Je suis le seul à souffrir de ses actes..."
- Kaz'...
"Suis-je celui qui en fait trop ?"
Je me lève brusquement et sans un regard pour lui je fonce vers la porte d’entrée. J’enfile la 1ère paire de chaussures que je vois pour sortir le plus rapidement de cette étouffante atmosphère. Je l'entends se presser derrière moi pour suivre mon avancée mais, je ne lui en laisse pas la chance. J'attrape mes clés de voiture, une veste en cuir, et je pars me retournant une dernière fois pour lui lancer sèchement.
- Je sors.
C'est bête et logique mais, dans les drama ça a toujours un effet dramatique... Et ce que je peux voir confirme que c'est réellement une paire de mots puissants.
Il est là, immobile sur le sol du couloir d'entrée, dans un fouillis humain, un pied en l'air avec l'une de ses chaussures pendue à celui-ci, son autre pied est à peine chaussé correctement et la veste qu'il avait sûrement voulu faire tenir en équilibre sur ses épaules, ne tenait plus que pitoyablement sur l'une d'entre-elles. Et, la finalité de tout ça, reste son expression mi- choquée, mi- peinée. Si je n'étais pas aussi déçu de lui, je me serais écroulé sur le sol pour l'étouffer dans une étreinte protectrice riant de son état désordonné mais... Ce serait trop facile et ma fierté ne me le permettrait pas, tout comme mon cœur qui pour une fois suit docilement mes directives.
Je sors finalement sans un mot de plus, retenant un sourire lorsque sa chaussure jusqu'ici pendue à son pied tomba mollement sur le sol. Je ne peux le haïr mais, regagner mon estime risque d'être d'autant plus ardu.
Ça me brise le cœur de lui faire du mal, la simple idée que mon bébé soit entrain de souffrir me donne le tournis. Mais j'ai conscience de ne pas être injuste en cet instant. Ce n'est pas un caprice, la prémisse d'une rupture. Il s’agit de faire comprendre à la personne que j'aime le plus au monde, qu'elle doit d'avantage faire attention à mon cœur.
Arrivé à la voiture, je tourne la clef sur le contact et me laisse guider dans les rues de la ville, sans destination précise. Finalement, après une dizaine de minutes de route, je gare mon véhicule sombre pour me mêler à la foule, une casquette dissimulant la moitié de mon visage. J'entre dans une boutique où se côtoient équipements audio, instruments de musique, jeux vidéo et mangas. J'erre mollement dans les allées pendant près d'une heure jusqu'à me stopper devant un immense panneau. En gros plan, s'étalant sur toute la largeur des caisses du magasin, Satoshi. Du moins le personnage qu'il joue actuellement, et à ses côtés, cette fille aux lèvres si pulpeuses, bien que moins attirantes que celles de mon amant. Il n'y a rien à faire, mon corps reste figé, refusant de bouger. Un baiser, ce n'est rien, j'ai déjà dû jouer le jeu plusieurs fois. J'ai conscience que Satoshi n'a fait que son travail. J'avais toujours secrètement espéré qu'il n'ait jamais à tourner ce genre de scène plus intime. Parce que, Ohno est doué, en tout, pour tout, tout le temps. Maintenant le Japon tout entier l'a vu dans ce nouveau contexte et il est tellement bon, tellement désirable que le Japon tout entier le voudra encore. Je refuse. Car montrer ce talent de mon amant fait bouillir le sang dans mes veines. Imaginer toutes ces filles fantasmer devant un baiser plus vrai que nature de lui, ça me donne la nausée.
- Kazu arrête...
Mon regard larmoyant se pose sur Satoshi qui tire discrètement sur mon bras.
- Viens, ajoute-il déterminé en m'attirant derrière lui.
Je n'ai pas la force de parler, ni même de le regarder. Mes sanglots enserrent ma gorge et mes larmes me brouillent la vue. Je déteste avoir cette position de faiblesse, cette peur viscérale de perdre Satoshi...
Nous sommes ensemble depuis si longtemps, mais rien ne me certifie qu'il en sera ainsi pour toujours. Ça peut paraître pathétique de désirer un amour éternel, mais, je ne vois pas ma vie sans lui, et encore moins avec quelqu'un d'autre. Je me sens si vulnérable.
- Rentrons.