lilisan31

Bonjour Ninomiya Kazunari.. Nous nous rencontrons enfin.

Nous savons tous deux pourquoi je suis ici n'est-ce pas..

Hum ?..

Tu dis m'avoir appelé ? C'est étonnant.. On ne m'avait jamais appelé..

I'm the fury in your head

I'm the fury in your bed

Tu sais, les regrets t'envelopperont dans une étreinte épineuse, et moi ? Je ne ferai que te contempler, savourant tes hurlements.

N'est-ce pas une merveilleuse sensation ? Être brisé jusqu'au dernier fragment puis dispersé dans un simple soupir du vent..

J'admire ta détermination, au fond.. N'es-tu pas déjà anéanti..

I'm the ghost in the back of your head

Cause I am...


Hmm.. La brise ici est parfaite ne le penses-tu pas ?

J'aime cet endroit l'as-tu spécialement choisi pour moi ?

Haha désolé, je parle beaucoup.. Mais.. N'es-tu donc pas effrayé ? Je suis loin d'être celui que l'on souhaite voir le plus tôt possible.

Forget the horror here

Forget the horror here

Leave it all down here

It's future rust and then it's future dust

Si tu choisis de me suivre, sache que la lumière ne deviendra que ténèbres et cauchemars, la joie.. Une douce descente en enfer, et l'amour ?

Sais-tu qu'elle est la signification du mot « Amour » pour un monstre ?

Tu ne le sais pas ?

Tu ne le devines pas ?

Bien... Alors laisse-moi te le montrer, mais, n'oublie pas ceci..

Forget the horror here

Leave it all down here

It's future rust and then it's future dust

Because I am the monster who will break you down.

Le son assourdissant de mon réveil hurle, insouciant qu'une nouvelle journée débute, pourtant mon esprit est encore embrouillé par mes doutes passés. Se lever aussi tôt n'aide pas à sauver ma santé mentale comme physique. Bien que je sois dans un état proche de celui d'un cadavre, je n'abandonne pas pour autant mon travail.

Une tasse de café engloutie, deux cigarettes très vite inhalées et je descends commencer la préparation des croissants. C'est assez amusant, jamais je n'aurais pu imaginer que je deviendrais peu à peu boulanger, c'était son rêve à lui après tout, pas le mien..

Mashiro et Masako m'ont énormément appris au fil des années. Ce n'est pas le métier de mes rêves, bien que je n'en ai pas particulièrement.. Et puis, je ne me vois pas faire autre chose.. Je n'ai aucun talent, j'apprends seulement vite..

Je pourrai tout aussi bien me prostituer..

*=*=*=*

- Bonjour Nino ! Tu as déjà bien avancé ! Merci beaucoup de te lever plus tôt !

- C'est normal Jii-chan !

Je suis conscient que le surnom que je donne à cet homme n'est au final rien d'autre qu'une vérité, ils vieillissent et un jour ne pourront plus tenir la boutique, alors je dois au moins les préserver pour qu'ils ne se tuent pas à la tâche je.....

Je le fais vraiment pour eux, ou dans le seul but égoïste de ne pas être abandonné ?...

- Bonjour Nino-chan ! Ce soir on fermera plus tôt ~

La chaleureuse voix de Masako me tire de mes songes. Je fronce néanmoins les sourcils.

- Fermer plus tôt ? Si vous avez comme hier un rendez-vous je peux m'occuper de la boutique et-

- Non non, on veut aussi que tu sois là ! Nous avons invité notre fils à venir dîner ! Me dit-elle joyeusement.

A vrai dire ce genre d'annonce ne m'étonne pas, je m'y attendais.. Mais, pourquoi être invité  ? Je ne fais pas partie de leur famille, je ne vais faire que gêner, je ne suis.. Et puis merde, pourquoi pas après tout ?

- Avec plaisir, j'aiderais pour la préparation du repas.

- Tu seras d'une grande aide ! Je suis si excitée ! Tu sais notre fils a toujours fait ses études loin de nous, aujourd'hui il est enfin revenu pour de bon ! C'est un bon fils.. Il est sûrement là car il s'inquiète pour nous et la boutique, mais, il ne le dira pas pour que l'on ne se sente pas coupable de réduire ses rêves.. C'est vraiment un bon fils.. On lui a aussi beaucoup parlé de toi..

J'écoute attentivement son récit, son fils a l'air d'être quelqu'un d'aimant et prévenant. C'était à prévoir, ayant de si bons parents.

Ai-je le droit de rester encore un peu parmi eux ?..

*=*=*=*

Étonnamment cette journée ne fut pas si désagréable que ça, la soirée elle-même s'annonce bien. Préparer le repas avec Masako est plutôt agréable, j'ai vraiment l'impression de partager un moment d'intimité avec une personne qui pourrait être ma mère.

- Et voilà on a terminé ! Merci beaucoup Nino-chan ! Tu es un vrai cordon bleu ~

- Le mérite ne devrait pas me revenir

Je ris doucement profitant de cette ambiance chaleureuse et unique que ce foyer peut offrir sans rien demander en retour.

Le bruit d'une porte qui s'ouvre provoqua une illumination sur les visages aimant de ce couple, ils trépignent d’impatience d’accueillir de nouveau chez eux leur fils et moi de mon côté je suis mort de trouille autant que ma curiosité brûle d'envie de le rencontrer. Avant cela ils ne m'avaient que brièvement parlé de lui, l'éloignement devait sûrement rendre toutes conversations à son sujet douloureux. Je n'ai jamais cherché à en savoir plus, la peur d'être finalement rejeté pour ce fameux enfant désiré..

Mon cœur bat la chamade lorsqu'une silhouette pénètre finalement dans la pièce, l'homme est tout de suite pris d’assaut par Masako le serrant fortement contre elle, m'empêchant de voir son visage. Un sentiment horriblement familier m'envahit, j'ai tout à coup peur de découvrir qui se cache sous cette masse d'amour. Mon expression se crispe, mes mains se referment formant deux poings blanchis par la force exercée.

- Tu es enfin de retour mon fils !

Masako se décide finalement à le libérer de son étreinte, mon regard peut enfin prendre chaque détail de son visage.

« Kazu... »

Une douleur sans point d’impact physique s'accapare toute la sanité de mon corps, le réduisant en un déchet de chair pourrie par le passé.

- Sato.. Shi..

Ces deux syllabes à peine prononcées lacères ma trachée tout comme des lames de rasoir le feraient. Tout me revint soudainement comme un coup-de-poing dans l'estomac, ma main venant très vite retenir les nombreux haut-le-cœur qui suivirent le choc émotionnel.

« Tu es si beau Kazu... »

« Supporte encore un peu »

« Si Serré... Je ne vais pas tarder.. »

« Tout est de ta faute.. C'est toi qui m'a séduit.. »

- Nino-chan ça ne va pas ? Tu ne te s-

- Je dois partir, je suis désolé merci pour l'invitation !

Fuir ! Fuir ! Je dois fuir ! Mes jambes sont engourdies, j'arrive à peine à rejoindre l'entrée.

- Eh mais.. Nino-chan ?

Aussi vite que mes mains tremblotantes me le permettent, j'enfile mes chaussures avant de sortir en courant de leur maison.

Pourquoi ?! Pourquoi lui ?!

Ma vue ne cesse d'être troublée par d’innombrables larmes, je suis sous le choc, mon corps tout entier tremble de peur.

Je le hais, je le hais tellement !!

Mon périple au purgatoire vient de basculer en enfer.. Mon souhait d'être achevé a-t'-il finalement était exaucé ?

*=*=*=*=*= Note =*=*=*=*=*

Hehe dites moi le dégradé de "rouge" était réussi ? Je voulais créer un effet.. Les souvenirs s'assombrissant peu à peu xD

~ Quelques semaines plus tard ~

Depuis ce jour, celui où leurs sentiments furent finalement connectés, tout alla étonnamment vite pour eux, tout sauf une chose..

Quelque chose de pourtant important.

*=*=*=*

- Je t'ai dit que tout irai bien ! Je me suis préparé.. Je me suis même renseigné.. Laisse-moi maintenant baka ! Tu ne veux pas non plus être présent ?! Nino grogna à l'encontre de son ami, son oreille rougit contre le combiné, il ne s'attendait néanmoins pas à ce que son amant rentre à ce moment précis.

- Qui sera présent Kazu ? Sourit-il paresseusement, tout en posant sa veste sur le canapé avant de défaire sa cravate. Son nouveau tournage nécessitait d'être toujours bien âpreté et ça suscitait énormément d’intérêt dans le boxer de Nino, bien plus maintenant qu'il était à l'aise avec ses sentiments et sa sexualité.

- Qu- ? Personne ! C'est sans remords qu'il raccrocha au nez de son interlocuteur, avant de venir enrouler ses bras autour de la taille d'Ohno.

Le leader sourit tendrement, se retournant pour lui faire face et l'embrasser avec amour.

- Okaeri Ohchan ~

- Tadaima Kazu ~

- Comment s'est passé ta journée ?

- Ça t’intéresse vraiment ? Ohno picora gentiment le bout de son nez le connaissant par cœur.

- Effectivement little bear, j'ai d'autres choses en tête ~

- Encore une soirée gaming ?

- J-je... Non...

These lips can't wait to taste your skin, baby, no, no

And these eyes, yeah, can't wait to see your grin, ooh ooh baby
Just let my love
Just let my love adorn you
Please baby, yeah

Nino caressa timidement son torse, glissant incertain ses mains potelées vers le bas, provoquant d’innombrables frissons au plus vieux.

- J'ai quelque chose.. D'autre à l'esprit pour ce soir.. Il mordit sa lèvre inférieure dans la gène, ses mains tremblant légèrement dans leur processus de défaire sa braguette.

- Kazu ?.. Tu.... Vraiment ? Je.. Je veux dire.. Tu es prêt ?.. On peut attendre..

- Chut... Ne dis rien.. J'ai pris ma décision le jour où j'ai pu te dire « je t'aime », je.. Je veux t'aimer aussi physiquement, je ne promets pas que ce sera facile la première fois.. J'ai un peu peur.. Mais.. Je.. J'ai énormément envie de toi Ohchan.. Il baissa rapidement la tête, cachant sa rougeur croissante loin des yeux de son amant à l'air abasourdi.

- Kazu.. Avec tendresse Ohno releva la tête de son amant pour l'embrasser tendrement, avant d'entrelacer leurs mains.

- J'ai aussi énormément envie de toi.. Et je te promets que cette 1ère fois sera parfaite..

- Idiot de little bear chessy..

Ohno ria et picora de nouveau ses lèvres.

- Tu es si mignon Kazu.. Tout comme un Kitty ~

*=*=*=*=*

Une fois leurs vêtements éparpillés sur la moquette bleuté de leur chambre, ce fut un contact électrisant de peau contre peau, chaud et doux sous le touché de chacun. Ils cherchèrent tout deux la découverte du corps de l'autre du bout de leurs doigts.

- Kazu tu es magnifique...

Ohno poussa gentiment le corps de Nino contre le matelas, venant automatiquement le surplomber, ses yeux balayant chaque centimètre de peau laiteuse, en analysant tous les détails. L'une de ses mains vint caresser doucement sa joue pour le rassurer.

- Je ne vais pas te blesser.. Tout va bien se passer.. Mes mains sont faites pour t'aimer et te protéger Kazu..

- Cesse d'être si cheesy Ohchan et fais moi l'amour ! Les joues de Nino prirent une teinte cramoisi, en plus d'une magnifique expression tiraillée entre la gène et la joie..

Baby these fists will always protect ya, lady

And this mind, oh, will never neglect you, yeah, baby, oh, baby

And if they try to break us down don't let that affect us, no, baby

Ohno commença alors à préparer avec tendresse l'antre de Nino, prenant son membre en bouche pour faciliter son plaisir et inévitablement l'apaisement de ses muscles. De ses doigts, il taquina d'abord gentiment l'entrée avec du lubrifiant pour en facilité l’accès, avant d'enfoncer son index doucement. Tout d'abord le plus jeune se crispa à la sensation d'intrusion, gigotant d'inconfort, mais, très vite Ohno s'activa pour lui faire oublier cette sensation, en l'obligeant à se concentrer sur ce qu'il lui faisait un peu plus haut avec sa bouche.

- Aaaah Oh-....Chan...

Nino s'habitua rapidement aux doigts d'Ohno travaillant son anneau de muscles, et réclama bien vite ce dont il avait rêvé depuis peu, mais dont il était sûr de ne plus jamais pouvoir s'en passer.

- Ohchan... S'il te plaît... Maintenant.. Je ne vais pas tenir plus...

- Tu es sûr ?

- Ne me le fais pas répéter ! Grogna t'-il le regard néanmoins lubrique.

Il n'en fallut pas plus pour Ohno, il enduisit généreusement son pénis lancinant de lubrifiant, le pompant à quelques reprises avant de se positionner entre les jambes de Nino face à son entrée, le regardant droit dans les yeux.

Nino lui donna un sourire confiant, comme pour donner son accord implicitement, Ohno sourit à son tour et enfonça doucement sa dureté, veillant au bien être de son amant sans se perdre dans le plaisir d'être comme absorbé par une délicieuse chaleur humide et serrée, se contractant à son contact.

- Si... Serré...

- …. Ohchan.... Gros.... Grimaça Nino.

Ohno rougit et vint pomper son membre délaissé, patientant qu'il s'habitue quelque peu à ce corps étranger.

Quelques minutes suffirent avant que Nino se mette à gigoter lui même pour expérimenter la sensation de mouvement.

- Tu.... Tu peux bouger..

Il commença alors à bouger doucement, pompant son membre au même rythme, savourant physiquement chaque contraction autour de son membre, visuellement le visage en nage du plus jeune et auditivement de ses gémissements à se damner.

- Kazu... Si... Bon...

- Plus... Vite..

Tout deux savaient qu'ils ne tiendraient pas longtemps, cette première fois était pour l'un un rêve finalement accompli, pour l'autre un plaisir inédit qu'il comptait bien renouveler encore et encore à l'avenir.

Ohno accéléra son rythme, laissant la pièce se remplir de claquements de peau, de gémissements, et respirations haletantes.

- Je viens.... Kazu...

- Aaah... Moi aussi...

C'est dans une symbiose improvisée qu'ils jouirent ensemble, leurs corps bercés par une vague de plaisir sans nom !

« Est-ce ça le plaisir ultime, d'être avec l'être aimé? »

Ooh, yeah
The same way that the stars adorn the skies yeah
(every night baby)
Oh, look up suga
(every night baby)
Now, hey, hey, hey
The same way that my whole world's in your eyes
(in your eyes baby)
Ooh, and this time now
(and this time baby)

Ohno s’effondra contre son amant à bout de souffle, son corps encore emprunt aux secousses de la jouissance. Une fois après avoir repris son souffle, il vint embrasser le cou de Nino, murmurant légèrement inquiet contre sa peau humide.

- C'était... Merveilleux... Mais.. Tu.. Tu as aimé toi ?..

Nino rit doucement, caressant les cheveux maintenant en désordre d'Ohno.

- Bien plus encore.. J'en suis devenu accro ~

Ohno soupira soulagé, et se dégagea sur le côté pour venir enlacer le plus jeune.

- Je.. La prochaine fois.. Je trouverai ton SS et ce sera encore meilleur !

- SS ?

- Sweet Spot, ta prostate.. Un endroit qui procure énormément de plaisir une fois trouvé..

- Dire que j'ai vécu sans connaître ça tout ce temps..

- Dire que j'ai vécu tout ce temps sans te faire connaître ça..

- Ohchan.. Tu dois sérieusement arrêter d'être si cheesy... Marmonna Nino en cachant son visage rougit.

- Désolé, je ne peux pas m'en empêcher ~

- Baka.. Rit doucement Nino en venant lui voler un baiser.

Just let
Let my love adorn you baby, hey
Le-le-le-let it dress you down
You gotta know, baby
Oh, you gotta know
Know that I adore you
Oh, love aint never looked so good on ya
Ooh, put it on baby
Let my love adorn you

- Tu as tenu ta promesse en tout cas.. Sourit Nino tout en caressant lascivement le torse de son amant.

- Toujours et à jamais..

- Alors.. Tu me promets de toujours m'aimer et d'être à jamais à mes côtés ?

Ohno sourit tendrement et serra le petit corps moite d'autant plus contre lui, abolissant toute possibilité d'espace entre eux.

- Je te le promets Kazu..

FIN

*=*=*=*=*=*=*=*=*=*=*

Bonus : « Discussion sur l'oreiller »

- Dis Ohchan... Je pourrais.. Hmm.. Être au dessus aussi parfois ?

- Tu es attiré par mes fesses depuis toujours.. Je m'attendais à cette demande ~

- OI ! Qui te dis-

- Kazu... Tes mains n'ont jamais cessés de les palper.. Même inconsciemment.. Pour moi ce n'était pas facile tu sais ? Être autant touché par l'homme que j'aimais plus que de raison..

- Je.. Je pense qu'au fond.. Moi aussi je t'aimais de cette manière Ohchan.. Mais.. Pour nous préserver, et le groupe.. Je ne sais pas.. C'était effrayant tout ça.. Même de seulement y penser l'était..

- Ne t'inquiète pas c’est du passé.. Tu es dans mes bras actuellement et c'est tout ce dont j'ai besoin ~

Nino sourit et se cala plus confortablement contre son amant.

- Ohchan ?...

- Hmm ?...

- Alors... Je pourrais aussi dominer ?

Ohno rit avant de picorer ses lèvres.

- Si tu savais le nombre de fois où j'ai fantasmé pour ce moment où tu enfoncerais profondément ton gros pénis au fond de mon antre serré, j'en ai tellement jouis dans mon lit...

Un petit moment de silence pesa dans la pièce avant que Nino ne se décida à parler.

- Ohchan... Je te veux tout de suite.

Nino resta figé face à cette porte aussi froide que le silence qui l'entourait. Il avait pensé au rejet, mais, ne s'attendait pas à ce qu'il soit si douloureux.. Des larmes forcèrent la barrière de ses yeux, ses lèvres mimèrent ces trois mots qu'il ne put dire, ceux qu'il avait eu tant de mal à s'avouer. Son cœur battait avec peine dans sa carcasse fatiguée. Il n'avait plus de force, tout s'était terminé en à peine quelques minutes, tout ce à quoi il aspirait ne se produirait jamais.. La possibilité d'être heureux à nouveau s'envola.

Peu à peu, sa vue se brouilla, tout devint sombre autour de lui, et bientôt, les ténèbres envahirent son monde, son corps chuta lourdement sur le carrelage glacé. Sa conscience se noya lentement dans son puits de regrets.

~~~~~~~

"Kazu ! Kazu !! S'il te plaît réveille-toi ! Kazu !"
Une voix lointaine l'appela mais, il n'arriva jamais à l'atteindre, il courut tant bien que mal en sa direction, jusqu'à ce qu'elle disparaisse finalement, le laissant seul et perdu dans l'obscurité.

Sa tête lui faisait horriblement mal, il lui fallut une dizaine de minutes pour enfin se souvenir de ce qu'il s'était passé et ouvrir les yeux.

- Satoshi.. Gémit-il
- Nino tu es réveillé dieu merci, ça va ? S'activa une voix familière à ses côtés.
- Je... Satoshi..
- Je suis désolé Nino..
- Comment ?.. Comment je vais pouvoir faire.. Sanglota-t-il

Taisuke le rejoint sur le lit et l'enlaça chaleureusement, basculant d'avant en arrière pour le bercer.

- Ça va aller.. Je suis sûr que tu peux encore tout rattraper.
- Non.. Il m'a.. Il m'a vraiment rejeté cette fois-ci. Je ne peux pas lui en vouloir.. Je ne suis qu'un connard égocentrique. Siffla le chanteur.

Son ami se détacha de son corps pour pouvoir répondre à ses yeux. Ses deux mains posées sur ses épaules.

- Nino.. Comment crois-tu que tu es arrivé dans mon appartement ?
- Je....
- C'est Satoshi, il m'a appelé complètement paniqué, j'ai dû lui hurler de se calmer pour enfin comprendre la situation. Il m'a expliqué t'avoir quitté puis, après quelques minutes il a entendu un grand bruit sourd et lorsqu'il est venu voir ce qu'il se passait, il t'a trouvé à terre complètement inerte. Il n'a pas su comment réagir, ni même faire le numéro des urgences américaines alors il m'a appelé. Lorsque je suis arrivé, il te serrait fort dans ses bras, sa tête fourrée dans ton cou pleurant inlassablement en te suppliant de te réveiller. A vrai dire je suis devenu moi-même d'autant plus inquiet lorsque je vous ai vu comme ça... Ça ressemblait à une scène dramatique tirée d'un film.
- Taisuke..
- Bref ! Après avoir réussi à le convaincre de me laisser examiner ton corps, mis à part une méchante bosse, tu avais l'air d'être juste tombé dans les pommes alors je t'ai ramené ici sous la demande d'Ohno.
- ... Tu vois.. Malgré tout il ne voulait pas-
- Détrompe-toi ! Il m'a néanmoins demandé de l'informer de ton état peu importe l'heure. Il n'est pas honnête avec lui-même pour une seule et bonne raison. Il ne veut pas souffrir plus lui aussi. Nino.. Tu ne t'es jamais posé de questions sur son passé ? Comme, pourquoi il a commencé par être manager au lieu d'être une idole vu son talent ? Je ne sais rien de son vécu mais il est toujours rempli d'inquiétudes quant à sa carrière, l'image qu'il renvoie, la qualité de ses prestations, toutes sortes de choses. Quelque chose doit avoir aussi blessé son âme.

Nino observa son ami en silence, il avait raison. Aveuglé encore une fois par son désir égoïste, il n'avait même pas pensé à des choses aussi importantes que le vécu de l'homme dont il était tombé amoureux. Il ne faisait que de le blesser, il avait eu raison de lui dire d'arrêter de se mettre en position de "victime" car, c'était finalement lui le bourreau.

- Taisuke... Je ne suis qu'un moins-que-rien.. J'ai tout gâché.
- Nino tu n'es pas un moins-que-rien, tu n'as seulement plus rien et, tu n'auras pas tout gâché si tu te bouges pour arranger les choses.
- Il ne veut plus avoir à faire à moi.. Il.. Veut que je disparaisse de sa vie.. Je ne veux pas encore l'obliger en le confrontant à mes sentiments.
- Il veut que tu disparaisses de sa vie.. Très bien tu le feras..
- Je...
- Mais ! Il n'a pas dit que tu devais disparaître du monde musical ! Dit-il avec un clin d'œil complice.
- Tu veux dire..
- Oui ! Je vais t'organiser une performance dans le même créneau qu'Ohno pour une émission Tv. Comme ça tu-
- Pourras exprimer mes sentiments en chanson...
- Oui, c'est ça ! Sourit brillamment le manager
- Merci... Merci Tai.. Sans toi..
- Ne me remercie pas, je sais que même sans moi tu aurais tout fait pour le récupérer non ? Alors autant que je pousse les choses à mieux se passer. D'ailleurs je l'ai promis.. A Aiba-chan.. Il rougit légèrement après avoir terminé sa phrase en balbutiant.
- Masa t'a appelé ?
- Oui.. Juste après être rentré chez moi lorsque tu es arrivé.
- Masa...
- Il s'inquiétait pour toi..
- Il a toujours été comme ça. Sourit tendrement Nino.
- Aiba-chan... Il... Tu sais..
- Il faudra le lui demander toi-même Tai. Ris le chanteur.
- Tu n'es pas sérieux !? Alors que je t'aide autant !
- C'est parce que tu m'aimes n'est-ce pas ?
- Beaucoup trop sale gosse !

Ils rirent, laissant en l'espace d'un instant la nostalgie les envahirent. Ça faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas ri ensemble aussi franchement. Nino s'arrêta, essayant d'allonger à nouveau son corps sur le matelas. Il se sentait toujours nauséeux, avec ce mal de tête d'enfer.

- Tai..
- Hum ?
- Je vais le faire.
- Oui.

Taisuke replaça correctement la couverture duveteuse sur le corps mince de son ami avant de s'éloigner tranquillement vers son salon, pour laisser le chanteur se reposer. Il aurait beaucoup à faire s'il souhaitait reconquérir Ohno.

La seule solution c'est de recommencer au début. Pour partir sur de nouvelles bases, et, il ferait tout pour l'aider. Nino fut l'unique personne qui l'avait aidé lorsqu'il était au plus bas dans leur jeunesse. Il était faible et introverti. Son coming-out (non voulu) au lycée s'était avéré être le début d'une descente aux enfers.. Mais, Nino avait été là, c'était un gosse charismatique et apprécié. Il l'avait embrassé devant tout le monde hurlant que lui aussi était gay et que ça ne regardait personne. Tout le monde était resté muet.. Par la suite les intimidations se réduire, mais, peu importe ils restèrent toujours proches, rendant chaque jour plus lumineux. Taisuke se souviendrait toujours de ce jour.. Nino était confiant et déterminé, pourtant.. Ses mains tremblaient.

Il ferait tout pour l'aider à son tour, et, rendre à ses jours leurs lumières perdues comme celles qui l'avait sauvé des ténèbres.

Quelques heures plus tôt…

Ohno sursauta en attendant un gros ‘boum’ retentir depuis son salon et ouvrit sa porte, son cœur manquant un battement lorsqu’il vit Nino gisant au sol.

« KAZU !!!!!!!! » Hurla Ohno en se précipitant vers le chanteur inconscient. « Kazu, s’il te plaît, ouvre les yeux !!! » Mais Nino ne répondit pas, son visage aussi pâle que la mort. « Kazu, s’il te plaît, réveille-toi !!! Pitié, je suis désolé !!! » Implora Ohno en pleurant. Le chanteur prit son portable avec une main tremblante et composa le seul numéro qui lui vint à l’esprit. « Taisuke… c’est Nino, il… il est inconscient… je ne sais pas quoi faire…. Il ne se réveille pas… » Sanglota Ohno.

« Calme-toi, j’arrive dans 5 minutes ! » Déclara le manager avant de raccrocher.

« Kazu… réveille-toi… je t’aime, s’il te plaît, reviens… » Fît Ohno d’une voix entrecoupée de sanglots, enfouissant son visage dans le cou froid du chanteur.

Taisuke arriva quelques minutes plus tard, découvrant Ohno qui pleurait en serrant fort le corps de Nino qui semblait bel et bien inconscient.

« Ohchan, calme-toi. » Taisuke poussa un peu le chanteur sur le côté pour vérifier le pouls de Nino et soupira de soulagement en réalisant que son cœur battait. « Il s’est juste évanoui, sûrement le stress et la fatigue. »

« C’est ma faute… C’est ma faute… » Pleura Ohno.

« T'auto-blâmer ne servira à rien, Nino a besoin de repos, je vais l’emmener chez moi. »

« App… »

« Je t’appellerai pour te donner des nouvelles, promis. » Coupa Taisuke en soulevant le corps inerte de Nino. Ohno lui caressa le visage avec tristesse, se haïssant d’avoir mis Nino dans cet état. Le chanteur avait l’air si fragile en cet instant, lui donnant envie de le prendre dans ses bras et de le protéger contre tout.

« Guéris vite, Kazu. » Ohno déposa un rapide baiser sur les lèvres du chanteur avant que Taisuke ne s’en aille.

C’était si dur pour lui de laisser Nino à quelqu’un d’autre, il avait toujours eu cet instinct protecteur envers le plus jeune, comme s’il était né pour l’aimer et le protéger de la cruauté de ce monde. Malgré son côté arrogant et insensible, Ohno savait que Nino était quelqu’un de fragile et courageux, tentant de cacher ses faiblesses et de se protéger des souffrances de la vie. Dès leur 1ere rencontre, Ohno avait pensé qu’ils étaient faits pour se rencontrer et s’aimer, même si cela semblait ridicule et gnangnan, il avait vu en Nino tout ce qu’il cherchait depuis son enfance. Des bras où se réfugier et une personne à protéger et aimer afin de ne plus être seul. Lui qui n’avait jamais cru au destin et au coup de foudre avait alors changé d’avis en se rendant compte que oui, Nino était la personne qu’il recherchait désespérément depuis des années. Tous deux partageaient les mêmes souffrances, les douleurs et cicatrices que des personnes malveillantes leur avaient infligées. Ce sentiment de solitude, de trahison, de peur malgré les amis et famille présents à leurs côtés. Tous deux avaient perdu cette confiance en autrui et cherchaient à survivre tant bien que mal derrière un masque fait de faux semblants. Aux côté de Nino, Ohno avait pour la 1ere fois découvert ce qu’était la transparence et la sincérité. Le chanteur avait été horrible avec lui mais pas une seule fois il ne lui avait menti. Les piques, les insultes, les remarques acerbes étaient parfois douloureuses mais au moins, l’honnêteté était là. Il savait que Nino ne tenterait jamais de mentir pour lui faire plaisir ou ne pas le blesser, il était trop sincère pour ça. Cependant, lorsque le chanteur lui avait dit qu'il l’aimait, Ohno n’avait pour la 1ere fois pas cru en ces mots. Pourquoi ? Lui-même ne le savait pas. Si Nino avait toujours été sincère et n’avait jamais pris de gants avec lui pour le critiquer, il lui était comme même impensable de croire en cette déclaration. Pourquoi les critiques et méchancetés étaient-elles plus crédibles que cet aveu? Pourquoi ne pouvait-il se résoudre à y croire vu que Nino ne lui avait jamais menti ? Peut-être à cause la souffrance infligée. Après toute cette haine de la part du plus jeune, espérer en l’amour lui était impossible. Après tout, que pouvait bien lui trouver Nino ? Lui, Ohno Satoshi, le chanteur raté dont personne ne voulait ? Le laideron incapable de séduire le plus gay des gays… Les sentiments de Nino étaient forcément un tissu de mensonges. Une fois qu’Ohno aurait déclaré les siens, Nino lui aurait rit au nez et lui aurait balancé un « comme si je pouvais aimer un incapable et un laideron dans ton genre ?! »

Ohno sursauta quand son téléphone sonna. Il n’avait quasi pas dormi de la nuit, guettant des nouvelles de Nino.

« Ohchan ? »

« Comment va-t-il ? »

« Il s’est réveillé il y a une heure et t’a réclamé. »

Ohno ferma les yeux. Réclamé, hein ? Ça ne pouvait être vrai. Encore un mensonge pour l’humilier.

« Il va mieux ? »

« Il dort pour le moment, il a besoin de se reposer avant de retourner à Tokyo. »

« Il…repart ? » Murmura Ohno dans un sanglot.

« Comme tu lui as demandé. Il ne veut pas te faire plus souffrir. »

« Je vois. »

« Je dois te laisser, j’ai un rendez-vous important. »

« Prends soin de lui, s’il te plaît, il a toujours été nul pour le faire lui-même. »

Taisuke rit à ces mots.

« Nino est nul quand il s’agit de s’occuper de lui-même. » Ricana le manager.

« Toujours à faire le fort et à faire son sale gosse alors qu’il est mort de trouille et voudrait du réconfort… »

« Toujours à dire que tout va bien alors que ce n’est pas le cas… » Ajouta Taisuke.

« Et toujours à cacher ses problèmes… Son dos le fait beaucoup souffrir donc veille à ce qu’il se ménage et prenne bien ses antalgiques, hein. »

« J’y veillerai, Satoshi. »

« A plus tard alors. »

« Ohchan ? »

« Hun ? »

« Quand Nino s’est réveillé, tu sais quel a été le 1er mot qu’il a prononcé ? »

« Eto…non. »

« Ton prénom. Bye. »

Ohno ouvrit de grands yeux étonnés. Taisuke avait le don de lâcher des bombes quand il ne s’y attendait pas.

« Prends soin de toi, Kazu. » Murmura Ohno d’une voix triste.

****************

« Tu vois que tout n’est pas fichu, il t’aime. » Sourit Taisuke en coupant le haut parleur du portable.

« Mais il ne me fait pas confiance… »

« Normal après ce que tu as fait, non ? »

« Pas faux. »

« Tu vas le récupérer. Gère avec cette chanson, il verra que tu es sincère si tu ne caches pas une fois de plus tes sentiments derrière cette impitoyable façade. »

« Hun. »

« Tout n’est pas perdu, Nino, tu n’es pas seul, tu as de vrais amis autour de toi, arrête de faire le fort et montre un peu tes faiblesses, c’est ce qu’Ohno attend et c’est la raison pour laquelle il est tombé amoureux de toi. Pas pour l’idole parfaite mais pour le vrai Ninomiya Kazunari. Celui qui pleure devant des films à l’eau de rose, qui bégaye et rougit lorsqu’il est amoureux et celui qui dit des choses gnangnan aux personnes qu’il aime plus que tout. »

« Charmante description. » Grogna Nino avec un sourire.

« C’est ce que tu es. Avoir un grand cœur n’est pas une honte. Aimer prendre soin des gens qu’on aime est une fierté que tout homme devrait avoir. »

« Je sais et je vais changer ça et réparer mes erreurs. Toutes, mes erreurs. »

Taisuke sourit en constatant que Nino avait bien plus grandi en quelques jours qu’en plusieurs années. Ohno avait vraiment un effet miracle et bénéfique sur lui.

*+*+*+*+*+*+*

Nino reprit très vite quelques forces, l'envie de reconquérir Ohno était un remède bien plus efficace que n'importe quelle durée de sommeil. Il passait ses journées dans un studio musical, que Taisuke avait spécialement loué pour lui.

Des partitions de musiques jonchaient le sol, et, une multitude de déchets s'entassaient sur la table basse du mini salon inclue dans la pièce. Il ne sortait jamais de son studio, seul Taisuke venait lui apporter une présence humaine avec de quoi se nourrir, et, garder une hygiène de vie un minimum.

Le septième jour, il s'effondra heureux contre la table de mixage. Un sentiment inexplicable l'envahissait.

- Je l'ai fait.. C'est prêt.. Je l'ai fait.. Murmura-t-il ému, pour lui-même.

Sans plus attendre, il sortit son portable de sa poche et composa le numéro de son ami. A peine quelques sonneries plus tard, celui-ci répondit avec une voix légèrement rauque, sûrement par la fatigue.

- Nino ?
- Taisuke !! J'ai fini ! S'exclama-t-il, doigtant légèrement les mots couchés sur le papier blanc.
- Vraiment !? Oh Damn ! You save my life !
- Pourquoi de l'Américain ? Peu importe, je te sauve la vie ? Tu veux dire ?
- Je ne pouvais pas t'inclure dans les mêmes émissions qu'Ohchan les semaines prochaines, le seul créneau que j'ai pu débloquer est.. Celui de vendredi.
- Attends vendredi.. Tu veux dire comme celui qui arrive dans 2 jours ?
- Oui...
- Att-.. Je.. Je ne suis pas prêt, je ne l'ai même pas encore interprété et, si.. Si ce n'est pas bon, si mon message ne passe pas ? Je..
- Nino !.. Ce sera parfait, crois-moi. Tu as un talent pour la musique, et, tes sentiments ne peuvent que l'atteindre.
- C'est.. Je ne sais pas..
- Pourquoi tu doutes maintenant ? C'est ta seule chance de réparer les choses maintenant ! Tu aimes Ohchan ?
- Oui.. Bien sûr, plus que tout..
- Alors quoi ? Tu vas te dégonfler encore une fois ?
- Tai.. Il m'a déjà violemment rejeté, même après tout ce que je lui ai fait, mon cœur à du mal à s'en relever. Cette chanson.. Ce sont tous mes sentiments mis à nu. S'il les refuse, je ne pourrai pas m'en remettre.
- Il faut savoir prendre des risques pour acquérir le bonheur. Si tu n'es pas prêt à te mouiller, c'est qu'il t'importe peu au final.
- ...
- Nino réfléchis bien, tout est prêt. Vendredi à 17h30 il faut que tu sois au studio pour être habillé/maquillé, ton passage est à 18h15, avant celui d'Ohchan. J'ai fait en sorte qu'il ne puisse te voir ou même savoir que tu es là avant l'annonce de ta perf surprise. Dis-moi seulement quel instrument doit être apporté demain ?
- Un piano suffira..
- Okay ! C'est à toi de jouer Nino, bye.

Il raccrocha laissant le chanteur dans le flou total. L'annonce de sa déclaration imminente l'oppressait. Il savait que ce jour arriverait, mais, pas dans l'immédiat. Son cœur et son esprit n'étaient pas encore préparés pour ça. Il transféra une copie de la mélodie pré-enregistrée sur son portable et, sorti pour la 1ère fois depuis des jours du studio. C'est naturellement qu'il se dirigea vers le toit de l'immeuble, une fois face aux multitudes de néons et autres lumières de la ville, il soupira calmement. Il était un peu tard et le froid commençait à s'infiltrer sous ses vêtements, mais, il aimait ça. Chanter en toute liberté, le vent portant au loin sa musique, avec pour seul publique les étoiles et la lune. A chaque nouvelle chanson, comme un rituel, il se devait d'interpréter une 1ère fois ses chansons à l'air libre, au milieu de rien, dans une impression de légèreté face à la lourdeur du béton sous ses pieds.

Il débuta l'enregistrement sur son portable, inspira profondément, avant de fermer ses yeux et de se laisser porter par sa musique. Les mots vinrent clairement dans son esprit. Nul besoin de ses notes. Ces paroles ne sont pas comme les autres, elles reflètent une partie de son âme. Il fera tout pour les transmettre à Satoshi, c'est enfin ce que son cœur lui criait.

~~~~~~~~

Le jour J était très vite arrivé, Nino n'était toujours pas sorti de son studio, la peur au ventre, il se sentait si petit, si faible face à cette ultime chance. Pour la première fois depuis des années, il se rendit compte que Satoshi lui avait apporté bien plus que de l'amour. C'était la seule personne par qui il avait été inspiré ou même avait écrit des chansons. Sa muse, son amant, son trésor.. Il ne pouvait pas laisser passer cette occasion même si son cœur devait être piétiné ensuite, ou sa réputation traînée dans la boue.

~~~~~~~~

Comme promis, il arriva à l'heure convenue par le manager et fut tout de suite pris en main par le staff. Sa nervosité ne faisait que de monter en crescendo.

- Ninomiya-san tout est prêt.
- Hein ? Comment ? Déjà !
- Il est déjà 18h10, attendez patiemment l'annonce de votre entrée s'il vous plait.
- Ah euh oui, merci.

Il fixa son reflet dans le miroir et fut à la fois étonné par la magie du maquillage mais, aussi horrifié par son expression de panique. Il ne pouvait plus retourner en arrière., il n'en avait pas envie de toute façon.

Les cinq minutes n'en parurent qu'une. C'était la première fois de sa vie qu'il était aussi nerveux avant une prestation. Placé maintenant non loin du plateau, il entendit le présentateur commencer son preview. Son cœur battait à cent à l'heure.

- Nous avons le plaisir d'accueillir en spécial Guest un chanteur Japonais mondialement connu Ninomiya-san !! Un tonnerre d'applaudissements pour lui s'il vous plait.

Un membre du staff replaça correctement son petit gilet de serveur contre sa chemise blanche, puis, lui tendit une paire de lunettes noire. Il ne cacha pas sa surprise et lui demanda tout de suite la signification.

- Où les avez-vous trouvés ?
- Taisuke-san m'a demandé de vous les transmettre. Il a ajouté que ça vous révèlera tel que vous avez toujours été.
- ... Je vais lui devoir bien plus qu'un repas..

Il les enfila avec un remerciement, et, sourit sincèrement. Ça faisait du bien de savoir que son ami le soutenait quoi qu'il arrive, l'encourageant même à être ce qu'il était.

Un régisseur arriva dernière lui et lui intima d'aller sur scène, toute la nervosité avait disparu grâce à Taisuke. Il s'avança d'un pas assuré sur la scène, rejoignant dans un silence religieux le petit banc du piano qui l'accompagnera dans cette folie.

Une fois assit, il contempla la foule de personnes à la recherche de l'homme qu'il voulait le plus voir. Au milieu du public, staff, il ne le trouva pas. C'était un pieu dans son cœur, pourtant, il se souvint que Taisuke ferait tout pour que ce soit une réussite. C'est avec cette confiance pour son ami qu'il commença à doigter les touches de son piano, ses gestes étaient élégants et tendres, tout comme une caresse sur un corps. Il prit une inspiration et commença à chanter, non, transmettre ses sentiments pour l'homme qu'il aimait.

If I asked you now
Will you be my prince
Will you lay down your armour
When you open me
All the power in me moves
How you want to see
All the depths of me real
When you open me
All the power in me moves
I feel real
How I love you
When I look into your eyes
There's a danger inside
When I see the edge
I can never hide
See my running, running, to you from you to you
There's a strange love inside
It's getting louder
And louder and louder and louder and louder

Ses yeux trouvèrent enfin ceux de Satoshi, il se tenait là, près d'une caméra, cachée dans l'ombre, une expression indéchiffrable vue la distance, était-il là-bas depuis le début ? Il s'efforça alors de lui transmettre via sa musique, sa voix, ses yeux, tout l'amour qu'il éprouvait pour lui, si tout son être pouvait crier, c'est d'un incommensurable amour pour lui qu'il supplierait. Sa voix vacilla quelque peu, il fit de son mieux pour retenir ses émotions et continua sa chanson, caressant les touches de piano dans une mélodie un peu plus intense qu'auparavant. Ces dernières paroles devaient être comme un cri provenant de son cœur, alors il donna tout ce qu'il avait pour interpréter ses sentiments.

There's a danger I can't hide
Who I am, it's who I am, it's who I am
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
Gonna build you up, gonna help you believe sonny
Gonna build you up, gonna help you be free honey
There's a strange love inside
It's getting louder
And louder and louder and louder and louder
There's a danger I can't hide
Who I am
It's who I am, it's who I am
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!
I'm in love!

Ses mains s'apaisèrent sur le piano, terminant majestueusement par un doux rythme mélancolique. Il murmura doucement cette dernière phrase, laissant couler naturellement ses larmes, les yeux fermés.

We're just two men in love..

Avant de s'arrêter complètement, la tête basse. D'un revers de main, il essaya de chasser ses larmes pour faire bonne figure sachant qu'il était encore filmé. Le petit public présent resta sans voix, c'était magnifique. Un pur moment à vif avec le chanteur. Peu à peu, chacun se réveilla de sa léthargie et applaudit chaleureusement.

Nino releva la tête en direction d'Ohno, mais, il n'était plus là. Aussi douloureux, son cœur fut brisé à ce moment, il se présenta au public, fit quelques remerciements avec le sourire, avant de fuir, fuir loin. Taisuke l'appela vaguement derrière lui, mais il ne s'en soucia pas.

Il étouffait, ses membres étaient lourds et ce qu'il pensait incapable de mourir plusieurs fois, cessa de battre à nouveau. Plus rien n'avait d'importance maintenant, il rentrerait au Japon demain, et... Peu importe ce qu'il ferait ensuite.

Il avait tout perdu.. Tout...

~~~~~~~~~~~~

Après avoir couru pendant de longues minutes, Nino s'arrêta, à bout de souffle. Il s'appuya à la rambarde qui entourait le grand fleuve et cria de toutes ses forces avant de tomber à genoux en pleurant. Il avait si mal. Pour la 1ere fois depuis longtemps, l'envie de se jeter sous un train lui traversa l'esprit. Il ressentait finalement ce qu'il avait infligé à Ohno et s'en voulait encore plus.

"Ça fait mal... " Hoqueta Nino. "Tellement mal... " Le chanteur agrippa sa chemise à l'endroit de son cœur comme si tirer dessus pouvait lui enlever cette douleur. Il n'arrivait même pas à en vouloir à Ohno. Après tout, s'il en était arrivé là aujourd'hui c'était à cause de son attitude horrible avec le plus vieux. "Je veux disparaître, faites-moi disparaître, pitié... " Sanglota Nino.

"Ce serait triste pour tes fans, non?" Fît une voix derrière lui. Nino sursauta et tourna son visage rouge vers Ohno.

"Je ne suis pas indispensable à leur vie."

"C'est vrai."

"T'es là pour te moquer de moi? Tu veux me faire payer mon horrible comportement avec toi en mille fois pire? Vas-y... Ris. Moque-toi. Rigole du pathétique Ninomiya Kazunari."

"Je ne suis pas là pour ça." Répliqua Ohno.

"Pour quoi alors? Juste pour me voir m'enfoncer, juste pour admirer la merde que je suis en cet instant?"

"Tu es tout sauf une merde, Nino."

"J'en suis pas loin alors." Ricana Nino.

"Et je ne suis pas là non plus pour te voir t'apitoyer sur ton sort. Tu récoltes ce que tu as semé, tu m'as fait souffrir de la même manière donc n'espère pas ma pitié parce que tu pleures."

"Je me suis mis à nu pour toi."

"C'est vrai. La chanson était magnifique et tu as chanté si..." La voix d'Ohno mourut. "Divinement bien."

"Il faut croire que même ces mots ne t'ont pas touché."

"Si." Murmura Ohno.

"Mais tu ne m'aimes plus."

"Comme si c'était possible." Rigola Ohno tristement. Nino le regarda avec des yeux surpris. Y avait-il donc toujours de l'espoir? Ohno lui pardonnerait-il?

"Pourquoi t'es parti alors?"

"Trop d'émotions sans doute." Répondit Ohno en détournant le regard.

"Satoshi... " Nino se leva et approcha le chanteur avec hésitation. Voyant qu'Ohno ne bougeait pas, Nino leva sa main pour la poser sur la joue du plus vieux.

"Stop." Le coupa Ohno.

"Mais..."

"Arrête immédiatement si ce que tu t'apprêtes à faire n'est pas sincère. Je ne veux plus souffrir, Kazu. Plus jamais. Si c'est encore pour te moquer de moi et me briser le coeur, pars immédiatement." Fît Ohno d'une voix tremblante.

Nino sourit franchement et posa sa main sur la chubby-cheek, faisant lever la tête à Ohno. Leurs regards se croisèrent pour ne plus se lâcher.

"Comme si c'était possible." Murmura Nino, faisant sourire le plus vieux. Le chanteur approcha son visage mais au lieu d'embrasser Ohno comme celui-ci l'attendait, approcha sa bouche de son oreille pour chuchoter ou plutôt chanter doucement ces mots qui firent gonfler de bonheur le cœur d'Ohno. "I'm in love, I'm in love, I'm in love, I'm in love..."

Ohno sourit et ouvrit la bouche pour répliquer mais Nino lui attrapa la nuque pour joindre leurs bouches dans un soupire de bien-être. Leurs lèvres se frôlèrent, se goûtèrent, se cherchèrent pour se lier en un profond et doux baiser. Les bras d'Ohno entourèrent la taille fine de Nino qui le sera un peu plus contre lui et approfondit le baiser autant que possible. À bout de souffle, Nino rompit le baiser pour coller leurs deux fronts.

"Je t'aime, Satoshi."

"Je t'aime aussi, Kazu." Sourit Ohno.

Comme un signal pour les rappeler à l'ordre, la pluie se mit à tomber violemment, trempant leurs corps en quelques secondes. Avec un rire, Nino prit la main du plus vieux et tous deux se mirent à courir en riant, tels deux gamins découvrant les simples plaisirs de la vie. À peine arrivés devant l'appartement d'Ohno, leurs bouches se cherchèrent à nouveau, le besoin d'être proches étant trop important pour que tous deux aient la patience d'attendre.

Ohno claqua la porte derrière eux avant de regarder Nino avec un petit sourire.

"T'es trempé."

"Toi aussi." Rit Nino.

"Je vais faire du thé et apporter des serviettes." Marmonna Ohno. Mince alors, il avait l'impression d'avoir de nouveau 16 ans et de se trouver face à son 1er amour pour sa 1ere fois. Ses mains étaient toutes moites et son cœur battait à tout rompre. Pourtant, Nino et lui avaient déjà couché ensemble mais là, c'était différent. Ils s'étaient avoués leurs sentiments et avaient tous deux prononcés les deux mots. Ce n'était pas comme la dernière fois lorsque tous deux étaient bourrés et avaient juste baisé. "Tiens." Ohno tendit une serviette à Nino qui le remercia avec un sourire crispé, l'air aussi nerveux que lui.

"Merci." Nino sécha ses cheveux avant de retirer son jean trempé puis sa chemise. Mais ses doigts tremblants butèrent sur les boutons.

"Laisse moi faire." Ohno s'approcha et entreprit de défaire les boutons tout en fixant Nino dans les yeux. Le plus jeune se mordit la lèvre à mesure que les doigts d'Ohno frôlaient sa peau avant de craquer.

"Et merde, au diable la douceur." Grogna Nino et attrapa la nuque d'Ohno pour claquer leurs lèvres.

"J'ai cru que j'aurais à faire un strip-tease pour te faire réagir." Rit Ohno.

"Chiottes, j'aurais dû attendre." Ricana Nino.

"La prochaine fois si t'es sage." Sourit Ohno avant de passer ses mains entre eux pour déboutonner son propre jean.

"Comme si j'allais te laisser le choix, Little bear! " Se moqua Nino en aidant le plus vieux à se déshabiller. C'est avec difficulté que les deux amants se rendirent dans la chambre, leurs lèvres refusant de se séparer ne serait-ce qu'une seconde. "Je vais te bouffer." Grogna Nino en poussant Ohno sur le lit pour grimper sur lui avec un regard digne du plus grand prédateur que l'histoire ait connu. Satoshi gémit fortement lorsque la dureté de Nino se mit à titiller son entrée. En d'autres circonstances, il aurait bataillé un peu pour prendre Nino mais le plaisir était si intense qu'il ne trouva pas la force de protester. De plus, peu importe qui allait toper, le principal était qu'ils prennent tous deux un maximum de plaisir. Et le sexe avec Nino était toujours synonyme de pure plaisir.

"Kazu!" Protesta Ohno alors que le plus jeune s'amusait à titiller son intimité sans pour autant aller plus loin.

"Hun?" Sourit innocemment Nino.

"Vas-y!"

Nino ricana et approcha l'oreille du plus vieux pour lui susurrer d'une voix pleine de désir.

"Dis-le."

"Prends moi!"

Nino sourit et s'enfonça doucement en Ohno qui griffa le dos du gamer en poussant un lourd gémissement. Le plus jeune commença de doux et profonds mouvements pour laisser son amant s'habituer à lui avant d'accélérer et de littéralement pilonner Ohno contre le matelas. Satoshi passa ses jambes autour de lui pour le faire s'enfoncer plus profondément si c'était possible, criant fortement lorsque son point sensible fût découvert et attaqué sans merci. C'était si bon que les deux amants en venaient tous deux à crier de plaisir sans aucune retenue.

"Ka-zu.... je vais... "

"Viens avec moi." Gémit Nino en accélérant une dernière fois. Ohno contracta son intimité autour de la longueur du plus jeune, les emmenant tout droit au paradis. Leurs corps s'arquèrent avant que Nino ne se laisse retomber à côté de son amant, à bout de souffle et tremblant encore de plaisir.

"Ouah." Murmura Ohno.

"C'est 1000 fois mieux quand y a les sentiments." Approuva Nino en se tournant vers Ohno pour lui caresser le visage.

"Dis... tu seras toujours là à mon réveil?"

"Bien sûr! N'espère pas te débarrasser de moi aussi facilement maintenant, laideron-kun~" Ricana Nino.

"Mouuuuu."

"Le plus beau et sexy des laiderons que la terre ait donné."

"Je ne sais pas comment le prendre." Sourit Ohno.

"J'ai jamais pensé que t'étais un laideron. Ok, t'es dix fois plus canon et sexy avec ce look mais même avant t'étais craquant."

"Tu m'as jamais trouvé laid?"

"Espèce de fou! Bien sûr que non! Je voulais juste te pousser à bout."

"Dorénavant, si tu me pousses à bout, ça se réglera au lit." Ricana Ohno en grimpant sur son amant.

"Intéressant... "

"Ne joue pas trop avec le feu, tu pourrais être surpris de ce que je peux faire au pieux." Murmura Ohno avec un regard plein de désir.

"Montre-moi alors."

CHAP 05

Malgré le temps qui passait, Nino ne parvenait pas à se faire à l'absence d'Ohno. Son air endormi, sa peau trop bronzée et son calme olympien manquaient au jeune chanteur. Jun lui avait refourgué une brune décolorée en guise de manager. Certes, Satsuko était sympa mais stressée. Trop stressée. Elle parlait et faisait tout à 100 à l'heure, paniquant sur tout et rien. L'air paisible d'Ohno manquait donc à Nino. Son ancien manager, même dans l'urgence, ne criait jamais et savait tout régler en un rien de temps sans hurler et courir dans tous les sens. Il regrettait tellement les propos horribles qu'il avait tenus envers le manager. Sachant qu'il n'en pensait pas un mot. Pourquoi avait-il toujours besoin de rejeter les personnes voulant se rapprocher de lui?

Peut-être que s'il s'excusait, Ohno reviendrait...

"Oi, Nino!" Nino sursauta, la jeune femme en face de lui le rappelant à l'ordre avec un air désapprobateur.

"Hun?"

"Tu écoutes quand je te parle?"

"Non." Nino grogna puis repensa aux mots de Jun. S’il faisait encore un pas de travers, il était viré et même si Jun était son meilleur ami, Nino savait qu'il n'hésiterait pas à le faire. "Désolé, tu disais?"

"Donc à propos du live de samedi..." Mais les pensées de Nino dérivèrent encore et une minute plus tard, le chanteur n'écoutait déjà plus.

*=*=*=*=*=*=*=*

"Parfait!" S'exclama l'homme, faisant signe à Ohno de le rejoindre.

"Ça allait?"

"Oui. Ça va faire fureur quand le single va sortir, d'ici la fin de l'année, je suis sûr que tu auras surclassé Ninomiya."

"Merci." Rougit Ohno, une pointe de douleur atteignant son cœur à la mention du chanteur. Cela faisait deux mois qu'Ohno avait quitté son poste et depuis, aucune nouvelle de Nino. Seuls Aiba, Jun et Sho continuaient à le voir. Le dernier album de Masaki marchait très bien et le Sakumoto filait le parfait amour. Jun avait même présenté Sho à sa mère qui avait dû abdiquer devant son fils et accepter sa relation homosexuelle. Jun lui donnait des nouvelles de Nino et quand bien même Ohno faisait semblant de ne pas être intéressé, il ne pouvait duper Jun.

"J'ai eu raison de faire confiance à Aiba." Sourit Toma.

"Il ne manque plus qu'un bon relooking et tu seras prêt."

"Eh?" Fît Ohno, surpris.

"Ton look est très bien mais quand tu deviens populaire, les femmes veulent du sexy, pas du sage. La chemise à carreaux style bûcheron ne fait pas franchement rêver les ados ni les mères en quête de fantasme." Approuva l'homme aux côtés de Toma.

"Quel style?"

"Pour ça, je vais demander à mon arme secrète de te relooker." Sourit Toma en sortant son portable. "Hey, Honey, j'ai besoin de ton aide pour un peu de shopping." Le directeur s'exclama. "Ouais pour Ohno, il passe au Music station dans trois jours et son look ne passera absolument pas par contre. Merci Sweetie, à charge de revanche comme d'habitude!"

"Qui était-ce?"

"Un vieil ami. Viens avec moi." Toma lui prit le bras et tous deux quittèrent le studio pour se rendre au parking personnel de Toma. Malgré ses questions, Ohno n'eût aucune réponse quant à leur destination. C'est ainsi que 20 minutes plus tard, Toma arrêta la voiture en plein Shibuya.

"Toma!" Une voix familière cria lorsque les deux jeunes hommes sortirent de la voiture.

"Hey, Jun!"

"Jun?!" S'écria Ohno avec surprise.

"Y a pas mieux que Jun question relooking."

"Salut, Ohchan, ça fait un bail!"

"Comment va Sho?" Demanda Ohno.

Traduction: comment va Nino.

"Bien, occupé par le boulot comme d'hab. On a vraiment besoin de vacances tous les deux. Aiba te passe le bonjour et Nino va bien, il prépare son prochain album."

"Tant mieux pour lui." Fît Ohno en haussant les épaules d'un air détaché.

"Sur ce, commençons ce relooking. Pour toi, je verrais bien un style un peu rockeur avec du jean et de la veste en cuir. Avec peut-être quelques bracelets et une ou deux bagues. Un truc cool et jeune quoi."

"Où allons nous?"

"Dans THE tour of Shibuya voyons." Rit Jun en pointant la tour 109.

"Depuis quand tu fais ton shopping là?" Demanda Toma.

"Depuis jamais mais vu les goûts de Satoshi, la tour 109 devrait convenir."

Et en effet, la tour tenue ses promesses. En quelques heures, Ohno trouva ce qu'il voulait, empruntant un style plus en vogue mais qui lui plaisait sincèrement. Il troqua ses grosses lunettes pour des verres de contact et laissa œuvrer le coiffeur personnel de Jun sur ses cheveux, optant pour une couleur châtain clair qui lui adoucissait les traits de visage contrairement à ses cheveux noirs corbeau.

"Si je n'avais pas Sho, je te sauterais dessus." Siffla Jun à la fin de la journée.

"Merci." Rougit Ohno. Jun étant un très bel homme, il prenait cette remarque pour un beau compliment.

"Il n'y a pas que les filles qui vont te pourchasser. Les hommes aussi." Fît malicieusement Toma.

C'est ainsi que la carrière d'Ohno débuta. Son passage au MS eût un énorme succès et son single rafla les têtes de ventes. Tout le monde craquait pour cette voix fantastique et ce visage innocent. Les jeunes filles se bousculaient pour un regard et les mères devenaient hystériques à son passage, ce qu'il trouvait plutôt pathétique lorsque l'on était marié et plus en âge de hurler pour un jeune homme. Mais malgré certains aspects ridicules ou ennuyants, Ohno aimait cette nouvelle célébrité. Enfin, son travail était reconnu et apprécié.

"Ici débute donc notre interview avec le tout nouveau chanteur en vogue, Ohno Satoshi." S'exclama le caster.

"Yoroshiku onegaishimasu." S'inclina Ohno.

"D'après certaines de mes sources, vous avez débuté en tant que manager pour le célèbre Ninomiya Kazunari."

"Oui." Ohno se sentit mal à cette question. Parler de Nino était toujours aussi douloureux et Ohno n'aimait pas parler de sa vie privée.

"Comment est-il? Sympa? Arrogant? Humble?" Le visage d'Ohno se décomposa. Pourquoi fallait-il qu'on lui pose ce genre de questions?

"Eto... Nino est quelqu'un de très secret." Éluder la question en restant évasif serait le mieux.

"C'est-à-dire?"

"Il parle peu de sa vie privée et ne fait pas facilement confiance aux gens, vous devez la gagner. Mais si vous l'obtenez, vous pouvez être sûr qu'il sera toujours là pour vous. Les personnes importantes à ses yeux comptent plus que tout."

"En faites-vous parti?" Ohno se mordit la lèvre inférieure. Ça faisait mal de devoir admettre que non, il ne faisait pas parti des personnes importantes aux yeux de Nino.

"Pas vraiment. J'étais son manager, rien de plus."

"Pourtant, un manager est souvent proche de la personne dont il s'occupe."

"Je n'ai pas travaillé assez longtemps pour Ninomiya-san pour obtenir sa confiance."

"Pourquoi êtes-vous parti alors?"

"J'avais mes rêves et il avait les siens. La vie fait parfois que les choses ne se passent pas comme on le voudrait."

"Avez-vous toujours du contact avec lui à ce jour?" Ohno grogna intérieurement. On était là pour parler de sa relation avec Nino ou de sa carrière??!

"Non. On a prit des chemins différents et c'est mieux ainsi."

"Que lui diriez-vous si vous aviez l'occasion de le revoir aujourd'hui?"

"Je m'excuserais. Pour ne pas avoir été capable de mieux le comprendre. Pour ne pas avoir réussi à gagner sa confiance. Et aussi pour les peines que certaines personnes lui ont causé dans son passé."

"Vous semblez beaucoup l'aimer."

"C'est quelqu'un de très talentueux mais aussi très seul. Tout le monde mérite d'avoir quelqu'un qui nous ferait passer en 1er avant tout le monde. J'espère qu'il trouvera cette personne."

"J'espère que Ninomiya-san vous entendra et suivra vos conseils. Bien, quels sont vos projets à vous?"

"Progresser dans ma nouvelle carrière et sortir des albums qui plairont au public."

……

Ohno se laissa tomber sur son lit, épuisé. Enfin, cette dure journée était achevée et l'épreuve de l'interview, loin derrière lui même s'il savait que ce ne serait pas la dernière qu'il donnerait. Vidé de toute force mais heureux, Ohno laissa ses lourdes paupières se fermer ainsi que Morphée s'emparer de lui.

Cette nuit là, Ohno fit un rêve très.. Humide. À son réveil, ce fut non seulement douloureux, mais, aussi affligeant d'en être arrivé là. Cette interview l'avait complètement retournée, parler autant de Nino d'un point de vue intime, avait fait ressurgir certain de ses souvenirs, mais aussi, désirs.. Ceux dont il pensait avoir réussi à enterrer profondément dans son esprit.

Il se leva piteusement pour se diriger au plus vite en direction de la salle de bain, non sans un grognement face à l'importante érection qui l'encombrait.

Arrivé tant bien que mal dans la cabine de douche, il retira le seul vêtement qu'il portait et le jeta habillement dans la panière à linge non loin de là.

L'eau s'écoula rapidement sur son corps tonique et délicieusement coloré. Il gémit comme un damné lorsque l'eau atteint son membre dressé.

- Uhg !

Un sentiment étrange autre que l'envie de se faire plaisir bloquait ses membres. Il pouvait encore entendre les gémissements et murmure de Nino, ceux où il maudissait pour plus de plaisir. Quelques images persistaient dans son esprit, ce regard lubrique, cette paire de lèvres avide de baisers, et cette voix.. Cette magnifique voix hurlant son nom. Mais, le souvenir de ce jour où il lui brisa le cœur, et, cette phrase entêtante qui ne cesse de résonner à ses oreilles "Ta voix, cette chanson, ton apparence, tout est répugnant et sans vie.".

Néanmoins, sa main glissa instinctivement vers son entre-jambe, glissant subtilement sur son torse. Elle toucha expérimentalement la pointe déjà rougie, un frisson quasi-électrique anima son envie, jetant au loin pour l'espace d'un instant toute cette douleur.

Sa main empoigna sa dureté avant de s'atteler à la branler violemment. Il n'y avait pas de réels plaisirs dans ses gestes, mais, juste une envie de se défaire de cette érection, de ces images relatant un fantasme hors de porter.

- Aaaah ! Ugh..

L'un de ses doigts vint gratter la fente sensibilisée tout comme Nino l'avait fait avec ses dents dans son rêve. Sa respiration s'affola et ses gémissements envahirent bientôt toute la pièce.

- Ni-Nino... Uuuhn...

Les images défilèrent, Nino avalant toute sa longueur, léchant malicieusement sa fente. Nino s'empalant avec luxure. Nino hurlant pour plus.. Nino le taquinant sur une éventuelle revanche.. Nino.. L'embrassant avec tendresse.. Nino.. Lui souriant.. Nino...
Rien de tout ça n'était vrai, ni ne le sera jamais, voilà la dure réalité.

Dans un ultime coup de poignet, il se déversa sur le carrelage bleuâtre face à lui dans un long râle.

- Niiiinoooooo... Aaah !

Il haletait face à la puissance de sa jouissance, mais, n'en savoura qu'un goût amer.

"Tu me dégoûtes !" Résonna froidement la voix du chanteur dans ses pensées, il rit tristement au timing parfait de sa mémoire.

- C'est ainsi.. Hein.. Murmura-t-il penaud.

Il lava rapidement son corps ainsi que le carrelage maculé de sa faiblesse, avant de sortir s'habiller rapidement pour entamer sa nouvelle journée en tant qu'idole.


*=*=*=*=*=*=*=*=*


- Nino-chan ! Nino-chan ! Cria Aiba beaucoup trop enjoué.
- Tu as vu l'interview d'hier ?

Nino détourna ses yeux et fit mine de ne pas s'y intéresser. Lâchant d'un air détaché.

- Non.. C'était qui le guest ?
Bien sûr que si je l'ai vu ! Comment j'aurais pu rater ça !?

- Tu n'es pas sérieux.. C'était la 1ère interview d'Oh-chan ! Le jeune chanteur soupira gravement avant de frapper légèrement le haut de la tête de Nino.
- Oh.. Laideron-kun..
- Cesse de l'appeler comme ça ! D'ailleurs d'après ce que j'ai pu voir.. Il est plutôt hot !
- Un laideron reste un laideron peu importe les artifices.
Merde ! Bien sûr qu'il est hot ! Je ne l'avais pas reconnu, mais, son air endormi et son doux sourire ne pouvaient pas me tromper. Son apparence a peut-être changé, mais, il reste ce petit homme vulnérable et facile à malmener. Il me manque..

Très vite Aiba coupa Nino dans ses pensées.

- Il a aussi beaucoup parlé de toi tu sais.. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé entre vous mais.. Il n'a pas l'air de bien le vivre.. Tu-
- Masa ! Occupe-toi de tes affaires..

Lorsqu'il repensa aux mots de son ex manager, quelque chose en lui se réchauffa, c'était inattendu.. Il n'avait pas ressenti cette sensation depuis des années. C'était difficile de dire à quoi cela correspondait, un rhume ? Le stress ?..

- Je t'aime énormément Nino.. Mais franchement ! Tu n'es qu'un con ! C'est triste à dire mais.. Tu finiras tout seul ! Sur ces mots anormalement durs, Aiba quitta l'artiste sans un regard.

Nino soupira épuisé par toute cette situation.. Il savait bien que ses amis étaient tous du côté d'Ohno, et, dans un sens, ils avaient raison. Mais.. Est-ce bon de s'isoler ainsi ?

- Tout seul hein…

*=*=*=*=*=*=*

Ohno se réveilla de mauvaise humeur. Il avait encore rêvé de Nino et encore une fois jouit dans son sommeil. Pourquoi ne pouvait-il pas l'oublier?! Le gamer ne devait déjà plus se souvenir de lui alors pourquoi ne pouvait-il pas faire de même? Merde alors, il n'avait pas eu de relations sexuelles depuis presque un an et il se mettait à prendre du plaisir en rêve avec un mec odieux qui le détestait et le faisait souffrir. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez lui?! Que pouvait-il faire pour changer ça?!

Pourtant, il avait de quoi être heureux. Un job de rêve, une carrière pleine de succès, un album qui cartonnait mais aucun réel ami. Haha, le revers de la médaille. Bien sûr, il avait toujours Sho, Jun et Aiba mais avec son emploi du temps très chargé, il ne pouvait les voir qu'à peine une fois par mois. Le Sakumoto filait le grand amour et Aiba avait rencontré quelqu'un. Et voilà, encore une fois, il se retrouvait seul. Le seul sans relation sentimentale, sans personne à qui dire 'je t'aime', sans discussions autour d'un bon repas, sans câlin devant la télé le soir et sans rapport intime. Il était seul. Définitivement seul. Et ça faisait mal. Il s'était enfin épanoui professionnellement mais c'était le vide intersidéral sentimentalement. Il ne faisait qu'aimer une personne sans cœur qui le détestait.

Il voulait tant se sentir aimé, pouvoir se blottir dans des bras réconfortants, parler de sa journée et de ses problèmes, s'endormir près de la personne aimée. Pourquoi tout ces efforts si c'était pour se sentir plus seul que jamais au final?

"Ohchan!" Ohno sursauta et sourit en voyant Jun lui faire signe.

"Jun!!!"

"Ça fait trop longtemps!" Le jeune directeur serra son ami dans ses bras.

"Tu m'as manqué."

"À nous aussi tu nous manques. Je passais pour savoir si tu voulais venir prendre un verre avec nous."

"Avec vous?"

"Aiba, Sho et..."

"Nino?"

"Ouais..." Fît Jun embarrassé.

"Pourquoi pas. Un bar c'est assez grand pour ignorer une personne qui nous déteste et qu'on déteste."

"Kazu ne te déteste pas tu sais. Je crois même que tu lui manques."

"Jun, ne commence pas s'il te plaît."

Tout mais pas ça. L'espoir de vraiment manquer à Nino était juste trop douloureux.

"Excuse-moi."

"Bon, je viendrai après mon dernier rendez-vous vers 21h."

"Okay! C'est à l'Atom comme d'hab."

"Hun. À tout à l'heure!"

"Yep!"

*=*=*=*=*=*=*=*=*

Ohno fixait son reflet dans le grand miroir de sa salle de bain depuis une bonne vingtaine de minutes déjà. Il avait pris une douche, mis ses plus beaux habits -un jean noir additionné d'un tee-shirt bleu turquoise et d'une belle veste en cuir, le tout agrémenté de bagues et d'un collier- et coiffé ses cheveux châtains. Peut-être devrait-il un peu les couper d'ailleurs.

Mais voilà un bon moment qu'il restait figé devant la glace. Sans comprendre pourquoi, il se disait que cette sortie était une très mauvaise idée. Il allait revoir Nino et cette douleur à la poitrine allait de nouveau s'ouvrir pour le faire souffrir encore plus qu'avant. Pourquoi avait-il accepté de venir? Espérait-il quelque chose de la part de Nino?

"Je suis trop con." Marmonna Ohno à son reflet. "Trop con de l'aimer à ce point et de toujours espérer quelque chose qui n'arrivera jamais."

Fixant son téléphone, Ohno hésita à appeler Jun pour annuler. Peut-être serait-il mieux pour tout le monde si le jeune chanteur coupait définitivement les ponts.

Non. Pas ça. Ça serait injuste qu'il oublie ses meilleurs amis pour quelqu'un d'aussi con que Nino.

"Arrête d'espérer quelque chose de la part de cet égoïste sans cœur et trouve toi un mec sexy pour la nuit!" Ordonna-t-il à son reflet. "Voilà! Je vais trouver un mec et coucher avec cette nuit et prendre le pied de ma vie! Plus jamais cet égoïste ne me fera souffrir!" Ohno déclara fermement avant de prendre ses affaires et de sortir de son grand appartement.

Quand il arriva, tous étaient déjà là et ignorant superbement Nino, Ohno salua ses trois amis avec un grand sourire.

"Salut, Laideron-kun." Sourit Nino.

"Lut. Bon on y va, j'ai une envie folle de danser avec un mec sexy!" S'exclama Ohno, choquant les quatre amis.

"T'as bu Ohchan?" Demanda Aiba.

"Pas encore et je peux t'assurer que je vais pas m'en priver! Ça fait trop longtemps que je ne suis pas sorti!" Devant les regards ahuris de ses amis, Ohno pénétra dans le club.

"Tu devrais te bouger les fesses ou il va finir au pieu avec un autre mec et crois-moi que ça sera pas ton nom qu'il gueulera quand il jouira." Fît Jun à Nino.

"Il baise avec qui il veut, je ne suis pas sa mère et je m'en tape." Répliqua Nino en haussant les épaules.

"Vous êtes vraiment chiants tous les deux." Soupira le plus jeune. Nino l'ignora et tous entrèrent dans le club.

Le gamer devait admettre qu'Ohno était plus beau que jamais avec ce look et ses cheveux châtains. Ça lui donnait un côté viril et homme qu'il n'avait jamais vu lorsque le jeune homme travaillait pour lui. Jun avait raison, Ohno finirait facilement dans le pieux d'un autre. Qui ne voudrait pas d'une beauté pareille? Ohno était sublime et ne s'en rendait même pas compte. Il avait cette aura calme qui contrastait avec cette nouvelle confiance en lui qu'il affichait. Juste s'imaginer prendre ou se faire prendre par ce mec commença à exciter Nino qui secoua la tête pour sortir cette idée saugrenue de son stupide cerveau. Mais putain qu'est-ce qu'il devait être bon au lit! Rien qu'à regarder ce déhanché digne d'une danseuse orientale lui montrait à quel point ses conneries lui avaient fait manquer un super coup.

"Il va te passer sous le nez." Fît Aiba avec un sourire diabolique.

"Qui?"

"Qui? Arrête de faire l'innocent, Kazu, on a tous vu comment tu dévisages Ohchan depuis 30 minutes."

"Et comment?" Répliqua Nino en fronçant les sourcils.

"Comma un chien regarderait une saucisse mais sans pouvoir l'atteindre."

"N'importe quoi."

"Oublie ta fierté et va le voir. Il n'attend que ça."

"Eh?"

"Bon dieu t'es aveugle ou quoi? Ohchan est dingue de toi depuis des mois et tu ne le vois même pas! Pourquoi crois-tu qu'il t'a supporté pendant un an sans rien dire?"

"J'sais pas et je m'en tape royal." Grommela Nino.

Cependant, les mots d'Aiba tournèrent dans sa tête encore et encore. Était-ce vrai? Ohno était-il dingue de lui?

Les cinq amis commencèrent à boire tout en discutant bien qu'Ohno et Nino s'ignoraient superbement sous les regards désespérés des trois autres.

"Bon, c'est pas tout mais y a plein de beaux gosses alors j'vais danserrrrrr!!!" S'exclama Ohno.

"Ohchan est complètement bourré!" Ricana Aiba.

"Je suis pas bourré! Je pète la forme et j'ai envie de baiserrrrr! Ça fait trop longtemps que j'ai pas vu un mec à poil! Let's go!"

"Il est complètement bourré." Approuva Jun en riant.

"Il est grand, il fait ce qu'il veut tant qu'il ne tombe pas sur un taré." Renchérit Sho.

"Bébé, tu danses?" Demanda Jun avec des yeux suppliants.

"Arrête de me faire ces yeux là pour que je dise oui à tout." Grogna Sho mais le manager prit la main de son homme et tous deux se dirigèrent vers la piste.

"Bon, moi aussi j'ai envie de danser!" S'exclama Aiba. "Tu viens Nino?"

"J'arrive, je prends un dernier verre!"

Après trois grosses vodkas, Nino se décida à les rejoindre et resta sans voix lorsqu'il vit Ohno danser contre un mec comme si tous deux faisaient l'amour sur la piste. Ohno ondulait ses hanches contre les fesses du mec, riant à ce qui semblait être une conversation. Une pointe de jalousie perça le cœur de Nino qui devait reconnaître qu'Ohno était juste un danseur extra. Ce mec savait bouger son corps et Nino se remit à imaginer cet homme si sexy, nu, lui faisant l'amour.

"Tu veux danser?" Murmura une voix à son oreille. Nino sursauta en voyant Ohno.

"Da-ns tes rêves." Ohno ricana et colla ses hanches parfaites contre lui pour danser.

"Tu danses bien."

"To-i aussi." Bégaya Nino. L'alcool aidant, le gamer se retourna et encercla ses bras autour du cou d'Ohno pour danser contre lui. Tous deux étaient durs comme l'enfer mais aucun ne voulait arrêter cette friction si plaisante au niveau de leurs bas ventres.

"T'es tout dur." Murmura Ohno, certainement aussi ivre que lui.

"Toi aussi." Ricana Nino en appuyant un peu plus sa jambe contre l'érection du plus vieux qui gémit.

"Embrasse-moi Kazu." Ce n'était qu'un murmure mais Nino l'entendit et se jeta sur les lèvres du chanteur avec avidité. Tous deux soupirèrent de plaisir au contact des lèvres de l'autre. Enfin, ils y goûtaient.

Les trois amis à leurs côtés sourirent malicieusement, depuis le temps que ces deux idiots se tournaient autour!

"J'ai envie de toi." Gémit Nino.

"J'vais te montrer ce que c'est qu'un orgasme!" Ohno lui prit la main et le tira vers la sortie du club, oubliant complètement leurs amis qui rigolèrent en les voyant si affamés l'un de l'autre.

"Il était temps. Ça leur aura pris près de deux ans pour en arriver là." Rit Jun.

"Avoue que t'avais tout planifié." Fît Sho avec un sourire.

"Moi?" S'offusqua faussement Jun. "Jamais. Quel ami digne de ce nom emmènerait ses deux meilleurs amis en club pour les bourrer et les mettre ensemble?" Ajouta le directeur avec un sourire démoniaque.

"T'es démoniaque, bébé."

"C'est pour ça que tu m'aimes."

"Et pour tes belles fesses!" Ajouta Sho en lui mettant une petite claque sur son postérieur. "Viens, ils m'ont donné envie ces idiots."

"Et Aiba?"

"Il est parti rejoindre son homme depuis un bon moment." Ricana Sho.

*=*=*=*=*=*=*=*

Les deux jeunes hommes ne cessèrent de s'embrasser tandis que Nino ouvrait la porte de son appartement. À peine à l'intérieur, tous deux se déshabillèrent avec impatience. Nino les dirigea tant bien que mal vers la chambre et poussa Ohno sur le lit pour lui grimper dessus.

"Que crois-tu faire là?" Demanda Ohno.

"On va baiser." Malgré son état d'ivresse, les mots de Nino lui firent mal. Bien sûr, baiser. Rien de plus. Pas de sentiments, pas d'amour, juste du sexe. Juste un acte résultant d'un désir mutuel.

"Je t'ai dit que je te donnerais le meilleur orgasme de ta vie." Ricana Ohno en changeant leurs positions.

"Je crois que t'as pas compris quelque chose, little bear." Sourit Nino en poussant Ohno pour le chevaucher. "Je suis un top, pas un bottom."

"Moi aussi. Problématique non?" Répliqua Ohno en switchant leurs poses.

"Et bien, va falloir te faire à l'idée." Nino changea encore leurs places.

"Oi, jamais tu...." Ohno gémit alors que Nino attaquait son cou.

"Shut up." Murmura Nino, préparant Ohno de ses doigts habiles. Le corps du plus âgé s'arqua lorsque Nino le pénétra d'une poussée. "Désolé." Gémit Nino en caressant la joue du chanteur.

"Ça va. Ça fait juste un moment, ça va passer." Grimaça Ohno.

"Dis-moi quand..."

"Tu peux bouger." À ces mots, Nino se mit à bouger vite et profondément, pénétrant Ohno de façon douce et brutale à la fois, le faisant gémir de plaisir. Le jeune homme entoura la taille du gamer de ses jambes pour le recevoir plus profondément en lui.

"Putain t'es si étroit." Grogna Nino, essayant de se retenir de jouir dans la seconde.

"Fallait me laisser te prendre." Ricana Ohno.

"Et louper ça? T'es fou." Rigola Nino en donnant un puissant coup de reins, les faisant crier de plaisir.

"Crois moi que je vais y goûter moi aussi." Répliqua Ohno. "Ta main, Nino!"

"Ta gueule." Saisissant le membre d'Ohno, Nino commença à le masturber rapidement, l'aidant à se libérer quelques secondes plus tard dans un râle.

"J'avais presque oublié à quel point c'est bon." Rigola Ohno quand Nino tomba à ses côtés, haletant.

"Ouais."

"Maintenant, à mon tour." Ohno grimpa sur le plus jeune.

"Eh?"

"Je te dois le meilleur orgasme de ta vie."

Nino fût sur le point de refuser quand il repensa à la façon dont Ohno avait bougé ses hanches au club et attrapa les lèvres du plus vieux qui avait déjà commencé à le préparer.

Et Nino ne fût pas déçu. Ohno lui donna bien le meilleur orgasme de sa vie. Ce mec avait une façon de bouger ses hanches qui tournerait gay n'importe quel hétéro. Malgré sa fierté, le gamer ne put retenir ses cris de plaisir. Ohno aurait sa mort si ça continuait ainsi.

Il aurait définitivement sa mort...

Chap 03

Ohno arriva devant l'appartement de l'idole pile à l'heure, il gara le van à sa place habituelle, souhaitant secrètement qu'il n'aurait pas à aller le chercher jusqu'à sa porte. Bizarrement, c'est à peine quelques minutes plus tard que celui-ci pénétra dans l'habitacle sans un mot.

Le chemin jusqu'au studio fut silencieux, le manager n'était pas pour autant rassuré de cette attitude, il avait pu remarquer les yeux légèrement gonflés et les cernes noircis sur son visage à la pâleur maladive. Il se décida à tenter une approche, sincèrement inquiet pour lui.

- Ni-Ninomiya-san ? V-Vous souhaitez peut-être que je libère un créneau pour vous permettre de vous repo-

- Que veux-tu dire par là laideron-kun ? Que je ne suis pas capable d'assurer ma journée ? Répondit sèchement la star.

- N-Non.. Je pensais juste-

- Alors ne pense pas ! Fais seulement ton travail ! Si tu en es capable. Siffla-t-il.

Les quelques dernières minutes de trajet furent horribles pour Ohno, il se sentait diminué, jusqu'où l'idole pouvait-elle être aussi cruelle ? Ça en devenait incompréhensible cette haine envers toutes personnes étrangères à son petit monde.

La voiture garée, le chanteur le fixa intensément à travers le rétroviseur, c'est inévitablement qu'il baissa les yeux.

- Qu'est-ce que tu attends ?!

- Que- quoi ? Bredouilla Ohno franchement surpris.

- Tu es vraiment un incapable ! Ouvre-moi la porte !! Tu penses que je vais le faire moi-même laideron-kun ? Appuies sur le bouton abruti !

- Ah ! Oui je-.. Désolé.

Ohno s'affaira rapidement à appuyer sur le bouton permettant à la star de sortir, celle-ci qui ne l'attendit pas le moins du monde. Il dût le suivre en trottinant derrière lui pour rattraper son retard, néanmoins bouleversé par ce regard illisible un peu plus tôt.

Ohno frappa à la porte du grand bureau et sursauta en découvrant Jun et Sho en pleine conversation animée, les deux amis ne l'ayant même pas remarqué, trop occupés à se crier dessus.

"Je te jure que ce n'est pas ce que tu crois, Sho!"

"Je ne crois que ce que je vois et ce que j'ai vu était on ne peut plus clair, non?!"

"Il n'y a rien entre elle et moi, ma mère voulait juste que je la rencontre pour les affaires... "

"Les affaires?! Ce que tu peux être naïf Jun parfois!"

"Je ne comprends pas... "

"Ta mère te l'a présenté pour te caser avec, rien de plus. Elle est issue d'une famille riche et votre mariage ferait fureur! Comment peux-tu être aussi aveugle et stupide?!"

"Stupide... " Jun rit tristement. "T'as raison, je suis tellement stupide, si stupide que je continue à me battre pour essayer d'exister aux yeux de la personne que j'aime depuis 5 ans, mais que cette personne ne me verra jamais autrement que comme un simple ami." Une larme s'échappa de l’œil de Jun.

"Jun, je... "

"Sors s'il te plaît." Le ton de Jun fût si froid que Sho baissa la tête et sorti en claquant la porte, jetant un regard empli de tristesse à Ohno.

"Ah, Ohchan, je t'attendais." S'exclama Jun en affichant un faux sourire heureux.

"Oui?"

"La femme du manager de Nino est très mal en point et comme tu t'en es sorti comme un chef la dernière fois, j'aimerais que tu le remplaces à durée indéterminée."

"Mais Aiba..."

"Sho s'occupera d'Aiba, de toute façon, il a vraiment besoin de vacances, il est trop épuisé et va finir à l'hôpital à ce rythme."

"Mais Nino me déteste toujours... "

"Il s'habituera à toi ne t'inquiète pas."

"Très bien. Mais Jun?"

"Hun?"

"Pour Sho... "

"T'inquiète, on se dispute souvent pour rien, c'est ça quand on met deux têtes de mules dans la même pièce." Sourit Jun bien que son sourire n'atteigne pas ses yeux.

"Je pense qu'il t'aime."

"Ne dis pas de sottises." Rit nerveusement Jun.

"C'est la vérité. La façon dont il te regarde n'est pas une façon de regarder un simple ami. Je pense qu'il était jaloux tout à l'heure et a peur de te perdre."

"Faudrait-il déjà qu'il y ait quelque chose entre nous. Je ne suis rien pour lui à part un ami stupide."

"En effet, vous êtes tous les deux aussi têtus l'un que l'autre mais aussi bêtes et fiers. Ne gâche pas la chance de l'avoir, Jun. Si la vie m'a bien appris une chose, c'est qu'on a rarement de seconde chance. Et surtout en amour." Ohno haussa les épaules et sortit du bureau sous les yeux surpris de Jun.

*=*=*=*=*=*=*=*=*

Ohno se rendit au studio d'enregistrement où Nino était et se posta derrière la grande glace aux côtés de l'enregistreur qui faisait signe à Nino quand la prise était bonne ou non. Le jeune manager regarda l’idole chanter avec un air très concentré, sa voix comme à son habitude, réchauffant son cœur. Nino avait décidément un très gros potentiel.

"Il est bon, ne?" Ohno sursauta et tourna son regard vers l'homme à côté de lui qui lui souriait gentiment.

"Aussi bon qu'arrogant." Approuva Ohno, faisant rire l'homme.

"Ne te fie pas aux apparences. Nino il est... il a beaucoup souffert et tente juste de cacher ses faiblesses sous cet aspect froid et méchant. C'est un bon petit gars qui oublie que le monde entier n'est pas mauvais."

"Tous ses proches répètent la même chose mais que s'est-il passé?"

"La vie." Murmura l'homme en regardant Nino qui étudiait sa partition.

"C'est-à-dire?"

"Demande à Sho ou Jun, je ne suis pas le mieux placé pour dévoiler les secrets de Nino."

"Yasuda, t'es pas payé pour discuter!" Beugla une voix aiguë.

"Oh la ferme sale rat, et toi t'es pas payé à apprendre à lire une partition, retourne à la maternelle sinon!" Pour le plus grand étonnement d'Ohno, Nino éclata de rire et se remit à sa chanson.

"Tu vois, il n'est pas si horrible. Nino est comme un chaton effrayé, il faut y aller doucement et gagner sa confiance. Une fois qu'il te l'accorde, c'est gagné mais attention, ne la perd jamais ou ça sera définitif."

"Merci pour le conseil." Sourit Ohno.

"Oh, Laideron-kun, ça faisait un bail, toujours pas en psychiatrie?" Se moqua Nino en les rejoignant.

"Et non. Et toi toujours si peu aimable?" Rétorqua Ohno. Nino fronça les sourcils mais ne dit rien, ce qui n'augurait rien de bon.

"Et que fais-tu là au fait?"

"Je suis ton nouveau manager provisoire."

"J'espère que Jun te paye double pour ça car y aura que l'argent qui pourra te faire tenir le coup avec moi." Ricana Nino.

"C'est pas l'argent qui m'intéresse."

"Quoi alors?" Sourit Nino avec arrogance.

"Toi." Fît simplement Ohno avant de tourner les talons devant un Nino tout choqué.

"Il est intéressant comme mec." Rit Yasuda.

"Uruse! Je le détruirai comme les autres." Grogna Nino en serrant les poings. Hors de question de croire en ces bobards, Ohno n'était pas différent des autres. Au final, les hommes étaient tous les mêmes.

Mais détruire Ohno se révéla plus compliqué que prévu. En effet, le jeune manager avait une patience en or et son air endormi ne quittait jamais son visage malgré toutes les tentatives de Nino pour le mettre en colère. Ce mec venait d'une autre planète ou quoi?! C'est ainsi qu'un mois s'écoula de cette manière avec Nino qui faisait tourner Ohno en bourrique et Ohno qui s'exécutait sagement sans rien dire.

"Moshi moshi?" Marmonna Ohno en décrochant son téléphone.

"Laideron, j'ai besoin que tu m'achètes du curry!" Ordonna la voix de Nino.

"Il est 3h du matin, Nino." Grogna Ohno, incapable d'ouvrir les yeux.

"Qu'est-ce que j'en ai à faire? Obéis, sous-fifre!"

Avec un soupir, Ohno se leva et apporta son curry à Nino qui lui ordonna de prendre une autre marque. C'est donc à 5h du matin qu'Ohno parvint enfin à se coucher, épuisé et maudissant ce sale gosse arrogant et chiant au possible.

Le réveil fût dur et Ohno se rendit à NHK avec un air plus qu'endormi, ne se rendant même pas compte des 'bonjour' lancés par le staff.

"Alors, bien dormi Laideron? T'as une petite mine ce matin." Ricana Nino.

"Et toi, comment vas-tu?" Demanda Ohno. Le sourire de Nino se figea et le chanteur tourna les talons avec un air énervé. Ohno sourit, ravi d'avoir battu Nino à son propre jeu mais sachant aussi que l’idole trouverait une autre vengeance.

Avec un soupir, Ohno se laissa tomber sur le canapé, rêvant de poursuivre sa nuit là.

"Oh la, t'as pas dormi toi." Fît Sho en entrant.

"Non."

"Nino, je parie."

"Pari gagné." Marmonna Ohno.

"Il t'en fait baver hein?" Sourit Sho avec un air compatissant.

"Plus que jamais. Je tiendrai pas le coup si ça continue."

"Ne laisse pas tomber, Satoshi."

"Pourquoi?"

"Parce que Nino a changé depuis que tu es là. Il a beau te faire tourner en bourrique, tu le déstabilises, il ne sait pas comment se comporter avec toi."

"Et?"

"Nino est quelqu'un de très seul et qui souffre beaucoup, tu es peut-être le seul à pouvoir lui faire oublier son passé."

"Quel passé?"

"Nino a débuté sa carrière très tôt. À l'âge de 15 ans. C'est là qu'il a connu l'amour de sa vie. Hiroshi semblait différent des autres, comme Nino débutait, il n'était pas très connu et Hiro l'a soutenu quand le succès n'était pas au rendez-vous. Ils étaient très proches et Nino était extrêmement amoureux de lui. Nino a commencé à être célèbre vers ses 18 ans et c'est là qu'Hiroshi a commencé à changer."

"Changer?"

"Il est devenu très jaloux, refusant qu'un homme approche Nino et lui faisant des crises tous les jours quand il rentrait tard d'un enregistrement ou d'une répétition. Au début, Nino n'a rien dit et cette situation lui plaisait car il se sentait aimé mais après, Hiroshi a commencé à déraper. Il accusait Nino de prendre la grosse tête, de se prendre pour une star qu'il n'était pas. Il était très violent dans sa façon de lui parler mais Nino était tellement amoureux qu'il acceptait et ne nous écoutait pas quand on le conseillait de le quitter. Il disait qu'Hiro était juste jaloux des hommes qui l'entouraient."

"Nino a fini par le quitter?"

"Non. Hiro lui parlait de plus en plus mal et le traitait comme un moins que rien. Et un jour, Nino est rentré plus tôt du travail et l'a trouvé au lit avec un autre."

Ohno, crispa ses poings, la colère montant en lui. Comment pouvait-on trahir la personne que l'on aimait? Comment pouvait-on blesser quelqu'un ayant de si forts sentiments?

"Je crois que Nino ne s'est jamais remis de ça. Hiro n'a même pas cherché à se défendre et lui a juste dit qu'il était inutile et ne valait rien. Cela a été un gros choc pour Nino, il s'est réfugié chez Jun et n'est pas sorti pendant près d'un mois. Il restait enfermé des journées entières dans sa chambre à pleurer. On l'a ramassé à la petite cuillère."

"Et il s'est mis à haïr les hommes?"

"Juste ses manager."

"Tu veux dire..."

"Hiroshi a été le tout 1er manager de Nino. Depuis, Nino fait en sorte de s'en débarrasser le plus vite possible et n'a plus du tout confiance en qui que soit excepté Jun, Aiba et moi. Il ne veut plus s'attacher à qui que ce soit et est agressif pour se protéger et ne pas souffrir encore."

"Il n'est pas passé à autre chose."

"Non. Je ne connais pas les détails de leur vie privée mais je sais que Nino le voyait comme l'homme de sa vie. Leur rupture a beaucoup affecté sa carrière."

"Mais je ne vois toujours pas le rapport avec moi."

"C'est évident. Nino n'est pas indifférent face à toi, il y a quelque chose de spécial entre vous et je suis sûr que tu es le seul à pouvoir le faire passer à autre chose."

"C'est pour ça que Jun a fait de moi son manager?" Demanda Ohno avec un petit sourire.

"Je... non mais..." Rougit Sho. Décidément il était vraiment nul pour mentir.

"Ne t'inquiète pas je ne suis pas fâché mais j'aurais préféré que Jun soit plus franc."

"Il avait peur que tu refuses. Nino a toujours tout fait pour que les autres le rejette ou le déteste depuis Hiro, il est vraiment très seul et est trop têtu pour l'admettre."

"Je vais essayer mais je ne garantis rien." Soupira Ohno.

"Il faut que tu gagnes sa confiance, c'est le seul moyen."

"Ouais."

Encore et toujours un midi intenable avec ce vicieux démon mais ô combien talentueux..

- Oi laideron-kun ! Tu veux me rendre aveugle avec ta mocheté ou me dégoûter de mon repas? Bouge de là ! Je n'ai pas besoin de toi pendant mes pauses ! Rectification... Surtout pendant mes pauses !!
- Sachant que tu vas me rappeler dans 3 minutes pour me demander quelque chose... Ce n'est même pas la peine ! Tu vas devoir faire avec ma laideur désolé. Soupira Ohno.
- Tu vas payer pour ça !
- Comment ?
- Tu cherches vraiment à souffrir hein.. Non seulement tu es laid mais en plus tu es masochiste !?
- Oui oui... J'aime les fouets, menottes etc...
- Huh... Parce que même une mocheté comme toi arrive à avoir quelqu'un ?
- C'est hors contexte ça Ninomiya-san.
- Ne te la joue pas professionnel ! Et puis, on est entre nous non ? Aller... Combien de personnes ont réussi à t'accepter dans leur lit ?
- Stop...
- Quoi ? Même pas dans un lit ?! Hahaha
- S'il te plait...
- Et bien je devrais te rebaptiser Slut Laideron-kun maintenant ~
- J'ai dit stop !! C'est pitoyable d'être autant cruel alors que l'on ne sait rien de l'autre ! Tu n'es pas bien placé pour parler de ma vie priv-..
Ohno s'arrêta net dans la réalisation soudaine qu'il en avait trop dit sur le coup de la colère, et, le regard dépourvu de vie du chanteur face à lui, confirmait que lui-même était devenu une horrible personne...

Ils restèrent quelques longues secondes à se toiser lourdement sans aucune expression. Nino fut le 1er à briser ce silence mortuaire.

- As-tu déjà pensé à mourir ?
- Qu- qu'est-ce que c'est maintenant ? S'écria le manager.

Au départ il pensait que c'était encore l'une des piques de son idole mais, quelque chose dans ses yeux... Cette petite lueur de douleur... Était-il vraiment sérieux à l'instant ?
Le chanteur le coupa rapidement dans ses pensées.

- Haha Dommage hein !! Tu devrais y penser Laideron-kun, pour notre bien à tous. Cracha t-il sèchement.
- "Notre" bien ? N'entraîne pas les autres dans tes jeux égoïstes et assume chacun de tes mots aussi cruels soient-ils. Sur ce, je crois que je vais faire un tour... Oh ! Et qui sait ? Me tuer peut-être ? Si c'est vraiment ce que tu souhaites alors je n'y vois pas d'inconvénient.

Nino le regarda abasourdi... Il était tiraillé entre lui coller son poing directement sur son visage trop rondouillard ou... Ou quoi ?... S'excuser ?... Non... Vraiment il ne peut pas être aussi faible pour s'excuser auprès d'un sous fifre ! Néanmoins, et si il sautait vraiment ? Avec tout ce qu'il lui a fait subir ce ne serait pas étonnant. "Ce n'est pas ce que je veux..."
Attends quoi ?! Ce n'est qu'un moins que rien alors pourquoi ?

C'est la mâchoire serrée au point de pouvoir briser ses dents qu'il siffla dans une atmosphère glaciale.

- Tu n'as pas assez de conviction pour ne pas faire tout ce que l'on te dit !? Un abruti vide et obéissant ! Tu n'es qu'une sous-merde sans cerveau !

Ohno le regarda droit dans les yeux.

- C'est bon tu as fini ? J'ai compris. La merde se casse.

Il se leva brusquement puis, fonça vers la porte pour s'éloigner le plus loin possible de cette ordure, non sans un passage au bureau de Jun. Une fois la porte semi-franchi une petite voix l'interpella.

- Je....
- Ah ! Juste, n'oublie pas que tu dois m'accompagner à mon enregistrement ce soir Laideron-kun !

Ohno grimaça puis, s'apprêtait à partir en trombe lorsque qu'une seconde slave de mots lui vint mais cette fois ci comme un murmure transcendant le vent.

- Alors... Ne meurs pas...

Il sortit enfin de la salle toujours aussi énervé, mais, ne s'arrêta pas lorsqu'il passa le bureau de Jun.

~~~~~~~~~
16h00 à la cafétéria.

- Nino ? Appela Aiba
- Hum...
- Ça va ? Je ne t'ai pas vu depuis un bon mois !
- Hum...
- Ta dernière chanson est magnifique je ne me lasse pas de l'écouter, bravo ! Tu as vraiment une source d'inspiration inépuisable !
- Hum...
- Dis moi... Je n'ai pas vu Oh-chan depuis un bon moment maintenant tu-
- Il n'est pas dans le bâtiment ?!
- Euh... Je... Non je ne l'ai pas vu mai-
- Merde ! Il n'aurait pas pu le faire quand même !
- Eh ? Faire qu-
- Je dois y aller !
- Ah ! Att- ! Nino-chan !!

Nino s'empressa hors de la cafétéria comme si le diable était à ses trousses. Aiba le regarda disparaître au loin, choqué par son attitude, il ne l'avait pas du tout écouté mais lorsqu'ils avaient parlé de son manager... Il s'était... Inquiété ? C'est possible ça !?

- ... C'est bien pour toi Nino-chan... Sourit-il

- Alors Ohchan, comment ça se passe avec Aiba? Demanda Sho tandis que les deux amis se rendaient voir le boss des boss, à savoir Jun.

- Très bien. Aiba-chan est quelqu'un de formidable, je l'apprécie beaucoup.

- Je vois. Masaki est un diamant dans ce monde de brutes qu'est le show business. Il n'a pas la grosse tête et aime les choses simples.

- À t'entendre, on pourrait croire que tu craques pour lui. Fît Ohno avec un petit sourire taquin,

- Je... non... j'aime quelqu'un d'autre. Rougit Sho.

- Intéressant. Et qui est l'heureuse ou l'heureux élu? Rit Ohno, s'amusant de la timidité de son ami.

- C'est...

- Ah, Sho, Ohno, je vous attendais. Les coupa Jun à la sortie du couloir. Ohno eût un petit soupir de déception qui fut vite remplacé par une moue moqueuse en voyant Sho rougir plus qu'une tomate trop mûre. Voilà donc l'heureux élu. Qui aurait cru ça. Quoi que Jun était un très bel homme, il n'était pas étonnant que son ami ait craqué pour lui. Ils feraient un beau couple. Pensa Ohno.

- Ma-chan, j'ai un petit souci avec l'emploi du temps de Toma. Ohno sourit une fois de plus en se disant que seul Sho devait avoir l'autorisation d'appeler Matsumoto comme ça. Jun était très sociable, certes, mais il n'en restait pas moins très à cheval sur les convenances et les formulations de politesse.

- Pas de soucis. Ohno, je souhaiterais que tu remplaces le manager de Nino pour le music station, sa femme est hospitalisée et je lui ai accordé sa journée.

- Nani?! S'écria Ohno.

- Un problème? Demanda Jun en arquant un de ses sourcils si bien épilé.

- Eto... Nino me hait.

- Kazu hait quasiment toute personne ne faisant pas partie de ses proches amis ou famille donc ne le prend pas pour toi. Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien. Sourit Jun en prenant Sho par la taille pour le diriger vers son bureau.

Ohno soupira en se disant que parfois, il valait mieux rester au lit. Comment allait-il faire pour réussir ce challenge plus difficile qu'un saut périlleux au dessus de 100 mètres de vide. Jun le jetait dans la fosse aux lions. Et encore, Ohno se demandait si même un lion ne serait pas plus clément.

Le jeune manager évita tout de même Nino le plus possible durant une semaine, essayant d'esquiver les remarques acerbes et les coups que Nino lui infligeait par "accident".

Cependant, l'heure de l'affrontement vînt plus vite qu'une piqûre de moustique en pleine forêt et c'est avec courage qu'Ohno se rendit à NHK ce matin là, la boule au ventre et des sueurs froides coulant dans son dos.

- Tiens, Laideron-kun, que fais-tu ici de si bonne heure? Ricana Nino en voyant le manager entrer.

- Je suis là pour vous.

- Eh? Sursauta Nino, un petit air surpris tout mignon collé au visage.

- Yoshida-san est à l'hôpital pour voir sa femme, Jun m'a demandé de le remplacer.

- Je vois. Pour la plus grande surprise d'Ohno, Nino ne protesta pas et prit son sac pour rejoindre la voiture.

Peut-être qu'il a décidé de m'accepter. Se réjouit Ohno, suivant le plus jeune avec un sourire.

Ou pas...

À peine le trajet entamé, Nino se mit à geindre et à quémander trois tonnes de choses impossible à Ohno, faisant s'arrêter le van à chaque conbini du coin parce que sa santé "serait mise à mal" si le jeune chanteur n'avait pas son thé mélangé à du jus d'orange et son melon pan recouvert de Wasabi ainsi que du miel pour sa gorge soit disant douloureuse. Bien sûr, ce serait mal connaître Nino que de penser une seule seconde qu'il mangerait toutes ces choses dégoûtantes. Ohno soupira de soulagement lorsqu'après 45 min de voiture au lieu de 15, tous arrivèrent à bon port.

- Masse moi les pieds. Ordonna Nino alors que tous deux s'installaient dans la green room.

- Eh?

- J'ai mal aux pieds donc masse les.

- Fais le toi même. Rétorqua Ohno. Non mais et puis quoi encore, y avait pas écrit "couillon" sur son front.

- Masse les ou je m'en vais. Ricana Nino. Ohno soutint son regard et comprit à ces magnifiques yeux que Nino était tout bonnement sérieux. Avec un soupir, Ohno s'assit sur le canapé et retira les chaussures du chanteur, grimaçant devant l'odeur.

- Ooops, j'ai dû me tromper ce matin et mettre les chaussettes de la semaine dernière. S'excusa Nino avec un sourire diabolique.

- Comme si c'était un accident. Marmonna Ohno.

- Quoi?

- Rien. Répliqua Ohno en commençant à masser les pieds bien puants du chanteur.

- Et tu me masseras les épaules après, ça me détend avant de chanter.

- Bien sûr, votre altesse. Grogna Ohno en affichant un perfect fake smile à Nino qui fronça les sourcils. Son but était d'envoyer Ohno chez les fous, pas de le faire sourire.

Après deux longs massages, quelqu'un vînt chercher Nino et Ohno le suivit en coulisse pour au moins profiter de sa voix à défaut de profiter de sa gentillesse.

Et Ohno en profita. À la seconde où Nino s'installa derrière son piano et commença à chanter, le jeune manager se sentit transporté loin, très loin. Comment un être aussi antipathique pouvait avoir le pouvoir de réchauffer le cœur des gens ou de les faire pleurer rien qu'avec la beauté de ses chansons. Sho lui avait aussi dit que Nino était l'auteur de toutes ses chansons ce qui avait encore plus surpris Ohno. Il y avait une telle douceur et à la fois une telle douleur dans les chansons de Nino, comme si le jeune homme tentait de guérir une vieille et profonde blessure enfouit au fond de son cœur. Quelqu'un capable d'écrire de si belles choses ne pouvait être foncièrement méchant. Impossible. Pour écrire de telles paroles, il fallait au moins avoir goûté à la joie, la peine, la douleur du rejet. En un mot, il fallait avoir expérimenté les choses de la vie et être assez sensible pour les dévoiler à travers une chanson. Nino se mettait à nu lorsqu'il chantait mais personne ne semblait l'avoir réellement remarqué. À la dernière note de musique, une larme s'échappa du coin de l'œil d'Ohno, l'émotion s'étant faite trop forte pour le jeune homme.

- Tu pleures d'être aussi laid? Ricana Nino en rejoignant les coulisses.

- Non, je trouve juste la profondeur des paroles touchante. Je me demande comment quelqu'un d'aussi détestable que toi peut réussir à écrire des chansons si merveilleuses avec une voix si transporteuse. Murmura Ohno.

- J... Nino regarda le jeune manager tourner les talons avec choc. Ohno ne lui avait jamais parlé comme ça et c'était la 1ere fois que quelqu'un parlait de la profondeur de ses chansons. À part les "bravo, t'as géré", "tu les as bien fait chialer ces gamines", "ta voix était pas mal". Jamais il n'avait eu un tel compliment et formulé de façon si sincère. À vrai dire, personne ne lui parlait franchement à part Aiba, Sho et Jun.

~~~~~~~~~~~~

Nino n'avait pas réussi à dormir cette nuit-là. Se retournant encore et encore dans son lit, soupirant dans la défaite, son esprit était beaucoup trop encombré par de nombreuses questions telles que : "Comment ose-t-il me parler comme ça ?!", "Que sait-il de mes textes et de moi ?".

La frustration, mais aussi un profond agacement pour cet homme joufflu qui ne mesurait pas ses mots et qui l'énervait plus que tout. Ne pouvait-il pas tout simplement le détester, devenir fou, puis s'enfuir ?

Toute la journée il s'était efforcé de le mettre à bout mais, ça n'avait pas eu l'air de vraiment l'atteindre.. À part être un DoM il n'avait pas vraiment d'explication pour comprendre son manager.

Le chanteur changea de position pour la vingtième fois en une minute avant de frapper du poing impuissant, sur son pauvre matelas. Ses yeux fixèrent le plafond, il pouvait y voir l'ombre des branches danser lascivement pour ensuite taper légèrement en rythme son carreau dans un petit bruit, brisant ce lourd silence.

C'est dans cette étouffante atmosphère qu'il se décida à reposer au moins la fatigue accumulée sur ses yeux. Sa respiration s'accorda à celle du rythme des branches et son esprit divagua dangereusement dans les tréfonds de sa mémoire morte.

"- Nino.. Ta voix est magnifique, chanteras-tu pour moi ?

- Nino.. Regarde le ciel !! C'est notre but ! Le conquérir !

- Nino.. J'ai envie de toi.

- Nino.. Je t'aime.

- Nino...

- Ninomiya.. tu es inutile."

D'un geste brusque, il se leva de son lit, atteint rapidement le coin le plus sombre de la pièce et s'y assit, ses genoux plié contre son torse, qu'il enserra de ses bras. Il balança frénétiquement son corps d'avant en arrière laissant couler librement quelques larmes.

- Ça suffit.. La ferme !! Stop !!.. S'il te plaît.. Stop..

Les sanglots de l'artiste se firent plus forts et désespérés, c'est impuissant qu'il se rendit compte à quel point ce Ohno Satoshi bouleversait tout dans son monde. Cet homme laid.. Comment pouvait il le lui rappeler.. Il avait pourtant réussi à enterrer ce passé au plus profond de son être, "pourquoi maintenant ?".

Une fois ses pleurs calmés, c'est une immense rage qui naquit en lui. Une envie incontrôlable de briser tout ce qui pouvait le mener vers le fond.. De nouveau..

- Je le détruirai.. Cracha-t-il.

- Je jure de le détruire !

Ohno avait désespérément prié pour cet appel, et, lorsqu'il vit le nom de Nino s'afficher sur son petit écran, il ne put que répondre aussi rapidement que son cerveau pouvait le lui ordonner.

- Oui ?

- C'est Ni-nino.. Il.. Il faut que l'on parle.

- Kazu.. Son nom glissa maladroitement sur ses lèvres, c'était pourtant un besoin viscérale de l'appeler, de l'entendre, de s’enivrer de tout ce qui pouvait relater son existence.

- On doit parler.. Sinon je suis quasi certain.. Que l'on perdra.. Tout.. Le peu d'amitié qu'il nous reste.. La voix de Nino se faisait chancelante sur ses derniers mots à peine soufflés.

- Je... Tu sais.. Ok.. Je peux venir chez toi ?..

- Hm.. Je t'attends..

Quelques minutes passèrent et Ohno restait collé à son téléphone, le cœur battant. Le bip entêtant qui résonna dans son oreille, lui rappela que son interlocuteur n'était déjà plus au bout du fil.

It could be wrong, could be wrong
But it should've been right
It could be wrong, could be wrong
Let our hearts ignite

C'est dans un lourd silence qu'Ohno se prépara, ramassant sa veste et ses clés avant de prendre le chemin menant à l'appartement de son ami. Le trajet avait l'air de s'allonger encore et encore comme dans un mauvais conte de fée, à chaque mètre de plus parcouru. Une fois devant le bâtiment recherché, devenu soudainement bien plus imposant qu'à l'accoutumée, Ohno souffla un couple de fois, avant de pénétrer dans celui-ci.

Son visage avait pris une teinte bien inquiétante lorsqu'il arriva devant la porte de Nino. Ses mains étaient tellement moites que plus d'une fois il manqua de faire tomber son trousseau de clés. Une force inconnue le poussa à toquer quelques coups à la porte. Ce ne fut que 2 minutes plus tard qu'un petit homme aux yeux fatigués lui ouvrit.

- Salut...

- Bonsoir..

L'ambiance était tendue mais bizarrement plaisante. Rien que de pouvoir être aux côtés de Nino.. C'était une chose inestimable pour Ohno.

- Je t'en prie rentre.... Il fait froid.. Marmonna Nino avant de disparaître vers son salon.

- Merci.. Ohno rentra et remarqua qu'effectivement il faisait froid dehors de par le contraste avec la chaleur ambiante chez son ami. L'adrénaline, la peur, l'anxiété avaient anesthésié ses sens. Il rejoint vite l'autre homme, et prit place sur l'un des canapés couleur crème qui trônaient là.

Nino était installé sur un fauteuil face à lui, c'était évident qu'il ne voulait pas être à côté de lui.. A n'importe quel prix.

Je ne veux pas qu'il me déteste... Qu'il s'éloigne de moi.. Je veux.... Je veux !... Qu'il m'aime..

- Kazu.. Ce qu'il s'est passé.. C'était un-

- Je ne veux pas savoir !.. C'est... J'ai compris.. Je ne vais plus interférer.. Tu as ta vie.. J'en suis heureux pour toi mais, s'il te plaît ne te justifie pas.. Juste.. Redevenons amis comme avant ?..

Nino n'avait visiblement même pas foi en ses mots, et Ohno n'en était pas non plus satisfait, c'est ce qui l'incita à crier un peu plus fort qu'il ne le voulait ce que son cœur ressentait depuis bien trop longtemps maintenant.

- JE NE VEUX PAS ÊTRE TON AMI !!

Le corps de Nino se raidit, c'était presque comme s'il l'avait menacé avec une arme alors qu'il était déjà bien affaibli et prêt à mourir.

Ohno inspira et parla plus calmement, essayant de maintenir les battements de son cœur à un rythme régulier.

- Je... Je veux plus que ça.. Je ne veux plus être cet ami que tu considères comme un frère.. Je.. Je veux être à tes côtés, pouvoir t'embrasser, te serrer, c'est impossible pour moi de continuer à faire semblant d'être un bon ami.. Parce que tout mon être veut partager ta vie, tes nuits, tes pensées.. Je veux tout de toi comme je souhaite tout te donner.. Cette nuit là, ce n'était pas une erreur, c'était la plus belle de ma vie.. Je... Je t'aime Kazunari.. J'ai toujours été fou de toi.. Mais, aussi effrayé à l'idée de te perdre.. Et.. Je le suis encore.. Pourtant aujourd'hui je suis épuisé de faire semblant.. Je..

I want to reconcile the violence in your heart
I want to recognize your beauty's not just a mask
I want to exorcise the demons from your past
I want to satisfy the undisclosed desires in your heart

Il s'arrêta, Nino était amorphe, ses yeux largement ouverts, le fixant sans retenu. C'était impossible de décrire son expression ni même de comprendre ses émotions.

- Kazu ?... P-Parle moi s'il te plaît...

Aucune réaction.

C'est à ce moment là qu'Ohno se rendit compte qu'il avait peut-être bien tout perdu au final.

Je veux seulement qu'il m'aime..

Samedi 13 janvier – 1h02

- Ninomiya ! Exécute les ordres ! Grogna une voix épaisse.

- Très bien.

- N'oublie pas.. N'oublie jamais qui tu es ! Une coquille vide ! Un corps sans âme ! Siffla l'homme.

- Oui.. Je ne l'oublierai jamais..

Samedi 13 janvier – 1h38

- Kazu ? Kazu ne fait pas ça !

- Désolé Satoshi... Tu.. Tu sais.. Je ne voulais vraiment pas.. Je t'ai-.. je ne peux pas..

- Pourquoi ? Pourquoi tu ne peux pas !!?

- C'est... Son expression était illisible, prise entre deux extrêmes. Il n'allait pas tenir, sa main qui tenait l'arme trembla. Inconsciemment celle-ci changea sa direction pour se diriger vers lui-même.

- Satoshi je-

- Non... Non !! Kazu ! T-tu sais quoi ? Tu es pitoyable.. Vas-y ! Fais-le ! Tu n'es rien.. Je ne t'ai jamais aimé.. Vas au diable ! Cracha le plus âgé.

Le regard du tueur devint plus sombre, un voile de haine mélangé à une immense tristesse obstruaient sa vue, comme insensibilisé, il reprit le contrôle de lui même. Son arme reprit calmement sa direction initiale.

- Sayonara Satoshi... Je t'aimais vraiment.. Tellement.. Mais.. Nos chemins se séparent Souffla t-il froidement, dénotant avec la tristesse que l'on pouvait faiblement percevoir dans sa voix, Il hésita un moment avant de presser la détente.

Un bruit sourd, l'odeur de la poudre, un corps tombant au sol.

Samedi 13 janvier – 1h47

Nino s'approcha du cadavre avec la même douleur dans sa poitrine. La vue de l'homme qu'il aimait le pétrifia. Sur son visage potelé, roulait une larme salée, et, un sourire serein orné ses magnifiques lèvres.

Il s'effondra au sol, ramenant fébrilement le corps de son amant a lui.

- Sa-Satoshi.. Tu.. Tu n'as pas fait ça pour que... Oh non ! S'il te plait ! Qu-qu'est ce que j'ai fait !! Oh non.. AAAAAAHHHHH !!!!!!! Son cri déchira sa gorge, son cœur, son être, tout ! Il avait tout perdu, détruisant de ses propres mains la seule chose qui lui donnait l'impression d'être humain.. Il ne méritait pas d'être protégé. Il ne méritait même pas d'être en vie.

Samedi 13 janvier – 1h50

- Satoshi... Je suis désolé.. Pardonne-moi.. Je t'en prie.. Pardonne-moi..

Son visage déformé par la douleur, avait néanmoins une détermination meurtrière visible dans le reflet de ses yeux.

Il posa délicatement le corps de son amant au sol, pliant religieusement l'un de ses bras sur sa poitrine, et, prit l'autre main dans la sienne, liant ses doigts avec ceux gelés d'Ohno. Il serra sa prise sur sa main, embrassa une dernière fois doucement ses lèvres, ses paupières, ses doigts..

Il souleva son revolver de sa main gauche jusqu'à sa tempe.

Une profonde respiration, un dernier regard sur le corps froid.

- Je t'aime Satoshi..

Un second bruit sourd, cette horrible odeur de poudre, puis, de nouveau la chute d'un corps.

Nino s'était enfermé dans sa bulle hors du temps, traduisant son exil par un combat contre Ganondorf. Cela faisait plusieurs jours qu'il s'était porté malade aux yeux de l'agence pour ne pas à avoir à rencontrer le regard d'Ohno. Ce regard qui serait sûrement pollué par un voile de culpabilité. Une expression à des kilomètres de celle endormie et chaleureuse qu'il aimait tant.. Bien qu'aujourd'hui le terme « aimer », était devenu quelque chose de sibyllin.

Après un ultime soupir de frustration, il lâcha sa manette, comprenant tristement qu'il ne gagnerait pas ce combat en ayant l'esprit autant encombré. Le royaume de la princesse Zelda pourrait bien attendre, mais, sa propre vie avait-elle cruellement besoin d'un héros. Une figure héroïque qui n'existait nulle part dans sa vie.

Le choc initial de cette fameuse soirée, avait laissé place à l'amertume et, peu à peu, il se sentait sombrer dans un néant d'affres.

Avait-il mal compris les messages de son meilleur ami ? Est-ce pour lui-même une simple exploration ? Une envie d'expérimenter un côté de la « barrière », que les sexologues s'amusent à imager ?

Il se leva paresseusement, longeant le mur menant à son piano, et, s'y essaya. L'envie de jouer n'était pas spécialement là, mais, c'était aussi le seul moyen de lui ôter toutes ces pensées de la tête. Il caressa expérimentalement les touches, laissant quelques fois ses doigts appuyer sur certaines d'entre elles. C'était différent du sentiment amollissant qui l'avait plus tôt empêché de jouer. La musique avait toujours été sa thérapie, son moyen d'expression le plus limpide.

Après avoir pris une profonde inspiration, il fit le vide dans son esprit, et, laissa ses doigts jouer cette mélodie enténébrée qui exprimerait pleinement ses sentiments. Une fois le rythme fixé, il s'autorisa l'ajout de paroles aléatoires, celles que son cœur criait.

In this farewell
There's no blood, there's no alibi
'Cause I've drawn regret
From the truth of a thousand lies
So let mercy come and wash away
What I've done

I'll face myself to cross out what I've become
Erase myself
And let go of what I've done

Sa voix chancela, il se souvenait clairement de tous ces événements, du plaisir, de son courage, mais, finalement des conséquences.

Put to rest what you thought of me
While I clean this slate
With the hands of uncertainty
So let mercy come and wash away
What I've done

I'll face myself to cross out what I've become
Erase myself
And let go of what I've done

For what I've done
I start again
And whatever pain may come
Today this ends
I'm forgiving what I've done

Il dévoilait sans aucune censure la détresse dans laquelle il se trouvait, son envie de simplement tout oublier, et de retrouver cette relation qu'il avait bêtement perdue pour ce qu'il pensait être de l'amour. Ce sentiment horrible d'avoir était dupé, l'enveloppa dans une épaisse couverture de honte et de regrets. Il termina péniblement sa chanson composée à partir d'un nid d'épines, ce même nid qui avait décidé de séjourner à la place de son cerveau.

I'll face myself to cross out what I've become
Erase myself
And let go of what I've done

What I've done
Forgiving what I've done

La dernière note perdit de son intensité, vibrant encore doucement dans l'air avant de s'y évanouir à jamais. Il soupira, chassant les quelques larmes qui s'étaient agglutinées aux creux de ses yeux.

C'est avec le peu de courage qu'il lui restait, qu'il prit une décision qui pourrait bien changer leur relation à jamais, mais, c'était aussi avec ce choix égoïste qu'ils pourraient tout deux passer à autre chose, puis, redevenir un jour les deux meilleurs amis qu'ils étaient. Nino avait besoin de se vider le cœur de tout sentiment superflu. Tout son être n'était qu'un tas de verre brisé, des morceaux impossibles à recoller.

La seule et unique manière de se reconstruire, était de fuir.

« Je ne veux pas souffrir, je ne veux pas le perdre, je... Qu'est-ce que je veux vraiment ? »

C'est d'une main tremblotante qu'il tira son portable de sa poche, cherchant nerveusement un contact. Il hésita un instant, puis, appuya sur le bouton d'appel, laissant le petit appareil venir se coller à son oreille. Quelques secondes plus tard une voix familière répondit à son appel, Nino frissonna et lâcha anxieusement.

- C'est Ni-nino... Il.. Il faut que l'on parle.


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